Facebook, même si vous n'avez jamais pratiqué, vous
connaissez certainement (ou alors mon site a survécu suffisamment
longtemps pour que Facebook tombe dans l'oubli mais j'en doute). A
priori, il ne viendrait pas à l'idée de grand monde d'en faire un film,
et encore moins que ce film puisse être l'une des sorties les plus
attendues de l'automne. Seulement, voila, quand Hollywood et David
Fincher se lancent dans le projet, forcément, on se doute que ça va
aller un peu plus loin que la simple plaisanterie potache.
L'angle d'attaque, en l'occurence, c'est celui des procès subis par Mark
Zuckerberg, fondateur de Facebook et jeune milliardaire, de la part de
quelques-uns de ses anciens amis qui aimeraient toucher une part du gros
gâteau. Bien sûr, c'est l'occasion de revenir sur la genèse quasi
accidentelle du site sur le campus d'Harvard, mais le film reste tout de
même assez centré sur les question juridiques. Quoique, ce qui
transparait tout au long, c'est le pourquoi de la brillante réussite
d'un site que beaucoup d'autres auraient pu faire.
Il est vrai que moi-même, en temps qu'utilisateur très occasionnel de
Facebook après avoir un bon moment farouchement refusé de rejoindre la
meute, je me la suis posée : le site ne sert essentiellement à rien (ah,
si, exposer son nombril aux autres, forcément ça attire) et n'est pas
techniquement valable, accumulant les bugs par dizaines. Sans porter de
jugement, le film a le mérite de donner quelques éléments de réponse :
manifestement, il y a eu une grosse part de chance, l'idée était dans
l'air du temps et Facebook est celui qui l'a saisie au bon moment ; il y
aussi une certaine fiabilité technique (Facebook, ça buggue mais ça ne
plante pas), et bien sûr à l'origine le côté "réservé à une élite" qui a
bien disparu depuis.
Quant au côté purement cinématographique de ce drôle d'objet, il faut
bien admettre que c'est très efficace. Mise en scène hyper rythmée,
toujours passionnante, distribution impeccable (les geeks ont un peu
trop tendance à parler à 300 à l'heure en farcissant leurs phrases de
mots censés montrer que ce sont des dieux de l'informatique, mais on ne
tombe pas trop dans le grotesque), et dialogues au couteau. Un peu trop
même pour les dialogues, car on tombe vraiment pas moment dans
l'exercice de virtuosité gratuit, comme cette scène de rupture initiale
qui donne le tournis, mais peut-être pas pour les bonnes raisons.
Bref, ça reste très hollywoodien, mais tout à fait plaisant à regarder.
Ceux qui ne connaissent rien au petit monde de l'informatique appredront
quantité de choses, les autres savoureront cette bonne illustration et
prendront un malin plaisir à donner mentalement des grands coups de
tatane à ces abrutis de jumeaux Winklevoss.
Roupoil, le 3 novembre 2010