J'ai toujours regardé peu la télévision, et tout petit
déjà, je suis passé à côté d'un certain nombre de séries considérées comme
incontournables par beaucoup de gens de ma génération. Pourtant, il en est
une dont j'ai suivi attentivement les premières saisons devant mon bol de
céréales (et accessoirement au grand dam de ma chère maman), ce sont les
aventures de la famille jaunatre créée par Matt Groening. Alors bien
qu'ayant depuis longtemps arrêté de suivre les épisodes télé, je ne
pouvais pas rater le passage sur le grand écran de mes vieux amis les
Simpson.
Le générique fait chaud au coeur, on a l'impression de retrouver intact
des copains perdus de vue depuis un moment (ah, le fabumleux thème
d'Elfman !). Et puis l'intrigue se lance tranquillement. La bonne ville de
Springfield est sous la menace d'une catastrophe écologique : son lac est
atrocement pollué. Sans surprise, cela préocuppe plus Lisa que Bart
(curieusement en train de considérer Flanders comme un père modèle) et
Homer, dont le nouveau hobby est son cochon domestique. C'est d'ailleurs
celui-ci qui va le pousser à commettre l'irréparable, qui conduit à
l'isolement de Springfield sous une gigantesque bulle.
On s'en doute, tout finira par s'arranger pour le mieux. D'ailleurs, et
c'est dommage, tout est assez gentil dans cette version longue des
Simpson. Là où le dessin animé originel se caractérisait souvent par son
acidité, le film fait carrément dans le consensuel. Lisa s'entiche d'un
petit copain qui est juste chiant, Bart fait assez peu de bêtises, et la
famille reste trop souvent un modèle d'affection. On a bien un Schwartzie
rigolo en président décérebré, mais Burns ne fait qu'une apparition
symbolique par exemple (comme à peu près tous les personnages secondaires
de la série, qui font essentiellement de la figuration). Le thème
lui-même, l'écologie, est traité de façon assez lisse.
Il semblerait en fait que les auteurs aient tout simplement voulu ne pas
prendre de risques et se soient contentés d'une petit comédie familiale.
Ils ont ceci dit bien rempli leur contrat : les personnages restent
formidablement charismatiques, et la quantité et la qualité des gags font
qu'on rit souvent. Cela n'empêche pas un relatif manque de cohérence de
l'ensemble (les gags c'est bien, une bonne histoire autour c'est mieux) et
quelques temps morts (le passage en Alaska, bof).
Ce n'est pas vraiment une déception, mais une légère frustration : les
Simpson ont eu un peu de mal à se développer dans le cadre du long
métrage, et on n'a finalement "que" un bon film fort sympathique. On
n'attendait peut-être un peu plus mordant, un peu plus fort de leur part.
Peut-être en attendait-on tout simplement trop ?
Roupoil, 13 août 2007.