De retour de vacances, et après un alignement de mauvais
films dans l'avion (j'exagère, il y en avait un de tout à fait correct),
vous pensiez peut-être que j'allais me précipiter vers des oeuvres un peu
plus sérieuses. Eh bien pas du tout, le premier qui me tombe sous la main
est LE blockbuster de l'été. Avec Michael Bay aux commandes, peu de risque
de se fatiguer le cerveau.
Dans un futur pas très lointain, les humains survivants d'un cataclysme
(en l'occurence, la surface de la Terre est juste devenue invivable, un
classique) se terrent sous le sol, dans des bâtiments aseptisés, et
assignés à faire des tâches extrêmement répétitives. Seuls de rares élus
tirés au sort de partir pour l'île, où une vie paradisiaque les attend.
Mais Lincoln 6 Echo se pose des question sur son existence...
Je pense que je ne vais pas spoiler grand monde en révélant qu'en fait,
l'île est un mirage (même dans la bande annonce, c'était dit) et que nos
héros sont de gentils clones. Comme vous pouves vous en douter également,
ils vont aller déranger un petit peu ce petit monde bien réglé. J'ai dit
nos héros, car on a adjoint à Ewan McGregor une jolie potiche en la
personne de Scarlett Johansson. Son rôle ne sert absolument à rien, mais
bon, c'est sûr qu'elle fait joli sur l'affiche (j'aime beaucoup le
commentaire de Télérama à son sujet; la conclusion de la critique est
également assez excellente, d'ailleurs, je vous laisse aller regarder si
vous voulez rigoler un coup).
Sujet fort intéressant que le clonage, mais dont on pourrait craindre
qu'il ne soit légèrement maltraité ici, vue le peu de souci habituellement
accordé à l'exactitude scientifique à Hollywood. Eh bien, la bonne
surprise du film, c'est que le scénario tient le route. Sans chercher à
trop expliquer, il se contente de donner les éléments nécessaires de façon
crédible. Même visuellement, les pseudo-clones sont assez réussis et
donnent au film quelques très belles scènes.
Bien sûr, un paquet d'invraisemblances sont nécessaires au bon déroulement
de l'histoire (trous de sécurité assez invraisemblables qui permettent aux
héros de s'enfuir, le personnage qui les aide exactement au bon moment
etc...) mais on a l'habitude, et ce n'est pas forcément pire qu'ailleurs.
Mais alors, me direz-vous, tiendrait-on un bon film ? Presque. Le petit
détail qui gêne, c'est qu'on a donné pleins pouvoirs (et les moyens qui
vont avec) à Michael Bay pour remplir le film (l'intrigue étant tout de
même assez vite emballée). Et il l'a tellement rempli qu'on se demande
comment ça ne craque pas. La surenchère dans l'action est carrément
épuisante. Certes, on peut admirer avec un plaisir enfantin les carcasses
de bagnoles s'aligner derrière le camion emprunté par les héros. Mais à la
cinquième poursuite, et donc la cinquième avalanche d'effets spéciaux, et
le trentième miracle pour sauver la peau d'un McGregor à peine essoufflé,
on aimerait bien que ça se calme un peu. Sans compter que la réalisation
est, comme c'est la mode, particulièrement épileptique.
C'est vraiment dommage, tous les ingrédients pour faire un film se
détachant du lot étaient réunis, mais ce trop plein de scènes
spectaculaires le rend au final indigeste. Coupé de vingt minutes, et en
supprimant les quelques pubs bien visibles (procédé que je continue de
trouver absolument horripilant), il aurait vraiment mérité la campagne de
lancement qui l'a précédé.
Roupoil, 13 septembre 2005.