The Ghost writer,

film de Roman Polanski (2009)



Avis général : 7/10
:-) Une atmosphère prenante, une intrigue intrigante (je l'avais jamais faite, celle-là, hein ?), le tout fort bien mené.
:-( Du moins jusqu'au dernier quart d'heure, qui laisse un drôle de gout d'inachevé.

Je préfère ne pas regarder de quand date ma dernière critique au moment de commencer celle-ci. Les temps sont plutôt durs pour ma fréquantation cinématographique, concentrons-nous donc sur le nouveau Polanski, de retour sur le devant de la scène quelques années après Oliver Twist. La question inévitable étant, bien sûr, peut-on parler du dernier Polanski sans parler de Polanski lui-même et de ses démélés avec la justice ? Bien qu'assez peu fan du mélange des genres (la vie privée de Polanski appartient peut-être à la justice, mais ses films, eux, appartiennent au cinéma), je ne peux pourtant que répondre non, tant ces évènements ont influencé la réalisation même du film, et transparaissent assez curieusement dans son contenu.

Parlons-en, justement, du contenu. Un nègre (oui, c'est ça que signifie le titre, pas de spectres à l'horizon pour cette fois) est engagé pour écrire les mémoires d'un ancien premier ministre brittanique qui se trouve accessoirement un peu au coeur de la tourmente suite à agissements douteux lors de la guerre en Irak (toute ressemblance avec des faits réels n'est sûrement pas fortuite). Ou plutôt pour compléter les mémoires, à la suite d'un précédent écrivant mort mystérieusement. Le nègre (faussement ?) naïf va vite se rendre compte qu'il a mis les pieds dans un sacré pétrin.

Ceux qui s'attendaient à un thriller politique trépidant et plein de complications, trahisons et autres subtilités nécessaitant une connaissance accrue de l'actualité de ces dernières années seront peut-être un peu surpris. En décidant de tout nous montrer du point de vue de l'écrivain, le film reste en fait plutôt simple (peu de personnages, et surtout ça ne rentre pas dans le détaildes ramifications diplomatiques), mais élargit sensiblement le sujet en nous faisant pénétrer dans un monde étonnant, celui d'un homme qui ne peut pas se débarasser d'une exposition médiatique étouffante. Sur ce point, on ne peut évidemment pas éviter de faire un rapprochement avec la situation actuelle du réalisateur. La scène où l'écrivain observe en direct depuis la télé de sa chambre ce qui se déroule à quelques mètres de lui est assez fascinante.

Mais le film traite également de sujets bien plus classiques, comme la relation de l'ex-premier ministre avec sa secrétaire, et la jalousie qui en découle chez une lady au caractère bien trempé. Film d'atmosphère aussi, la maison au style moderne plantée au milieu d'une île balayée par les intempéries offrant un décor de cinéma de choix. Tous ces éléments sont mélangés avec fluidité par un Polanski qui maitrise complètement ce qu'il fait (bien servi aussi par des dialogues aux petits oignons), au point qu'on ne voit pas le temps passer, et qu'on est aussi curieux que notre héros de savoir le fin mot de l'histoire.

Assez curieusement, c'est quand l'intrigue se met à s'accélérer que le film convainc beaucoup moins à mon sens. Après une double confrontation de notre cher écrivain laissant augurer une intensification des débats réjouissante, le scénario opte pour une clôture assez brutale des débats, suivie de quelques scènes dont on se demande à quoi elles servent (celle où Ricardelli, personnage qui ne sert à rien, vient délivrer l'écrivain, notamment), puis d'une conclusion assez décevante, pas tant par le procédé un peu facile et vu mille fois qui révèle le fin mot de l'histoire que par son apparition trop rapide et forcée par rapport au rythme global du film. On en viendrait presque à se demander si Polanski a vraiment fini le montage de son film comme il le souhaitait. Ceci dit, malgré cette nette baisse de régime, son dernier film reste une oeuvre très solide et passionnante, qui mérite d'ailleurs d'être vue indépendamment de tous les à-côtés qui ont pu lui donner de la publicité involontaire.

Roupoil, 6 avril 2010.



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