Pour se remettre après un ou deux films d'auteur plus ou
moins imbuvables, quoi de mieux qu'un bon petit film d'horreur ? Pas le
genre qui va vous prendre la tête a priori, celui-là affiche clairement
ses ambitions fort simples : faire peur. Mais il a réussi l'exploit de
rallier à lui une bonne partie de la cririque, alors qui sait, peut-être
aura-ton même droit à mieux qu'un bon nanar ?
Six nanas se retrouvent en plein milieu des Appalaches pour aller explorer
une petite grotte. L'une d'elles est restée traumatisée par la perte de
son mari et de sa fille un an plus tôt (c'est la scène d'introduction du
film), mais tient à surmonter ses peurs et à accompagner ses amies. Sauf
que, sur place, tout ne se passe pas comme prévu : l'exploration est plus
dure que ce qui était prévu, puis la sortie est bloquée par un éboulis.
Sans compter une curieuse présence tapie dans les recoins de la grotte.
En allant voir un film d'horreur de nos jours, on s'attend soit à quelque
chose tentant de faire preuve d'originalité (la plupart du temps en
supprimant le plus possible le côté gore pour faire croire qu'il y a plus
intéressant dans le film, le rendant ainsi insipide), soit à une
caricature au deux ou troisième degré. Cette "descente" surprend de ce
point de vue tellement il est classique. Un bon vieux film d'horreur
premier degré, comme on ose plus en faire depuis bien longtemps. Vraiment
concentré sur son sujet en permanence, Neil Marshall ne se permet aucun
clin d'oeil, aucune pointe d'humour.
La construction du film suit d'ailleurs une recette plus qu'éprouvée : une
première partie de présentation du groupe de copines, bonne ambience, puis
le début de l'aventure avec montée du suspense, et escalade vers le gore
sur la fin du film. Séparation des aventurières, morts brutales
successives, apparition des monstres au bon moment, on a droit à tous les
classiques. Ca a bien sûr un gros défaut, c'est d'accumuler les faiblesses
inhérentes à presque toutes les productions du genre : première demi-heure
assez rasoir, dialogues souvent insipides, actrices peu inspirées, et
déroulement prévisible. Et pourtant, aussi incroyable que ça puisse
paraître, on marche ! Parce que Marshall utilise soigneusement ses décors
glauques pour nous mettre la pression, parce qu'il arrive tout de même
plus d'une fois à nous surprendre (et c'est rare que je sursaute au ciné),
parce que, même si les scènes d'action souffrent un peu d'épilepsie
(maladie très répandue de nos jours), il frappe juste dans son dosage de
l'horreur (la pire scène étant peut-être finalement une réduction de
fracture ouverte ma foi bien réaliste).
Du coup,pour peu qu'on aime se faire un peu peur, on suit bien volontiers
Neil Marshall et ses bimbos au fond de leur grotte. Mais on se pose tout
de même une question : quand on voit qu'il réussit à s'en sortir très bien
avec un projet aussi bateau, ne serait-il pas intéressant de donner à ce
jeune réalisateur un scénario plus original et des acteurs à la hauteur ?
Réponse, espérons-le, bientôt sur nos écrans...
Roupoil, 30 octobre 2005.