Il y a quelques années, le cinéaste Alexander Payne créait
la surprise en se forgeant un bon petit succès avec Sideways, balade
douce-amère sur la route des vins de Californie (n'attendez pas que j'en dise
plus, je ne l'ai pas vu). Il nous revient aujourd'hui avec manifestement
nettement plus de moyens, puisqu'il balade désormais George Clooney à Hawaï !
Si celui-ci marche, il se pourrait même qu'il arrive à embaucher Jean
Dujardin pour son film suivant.
En attendant, Matt King, très riche avocat du fait d'un héritage séculaire
(il descend du bon vieux roi Kamehameha, si si c'est vraiment son nom et ce
n'est pas une blague), doit soudain gérer tout un paquet de soucis : d'une
part il doit gérer avec ses nombreux cousins la vente du dernier gros bout de
terre leur appartenant avant qu'une échéance n'arrive à terme (si comme moi
vous ne saviez pas ce qu'est une fiducie vous vous renseignerez), mais
surtout sa femme est dans le coma suite à un accident de hors-bord et, on
l'apprend rapidement, ne va pas s'en sortir. Lui qui ne s'est à peu près
jamais occupé de ses filles va devoir jongler, et il lui reste encore une
nouvelle peu agréable à apprendre.
Je memoquais légèrement du côté touristique du cinéma de Payne dans mon
introduction, mais en fait la localisation à Hawaï est réellement un élément
important du film. Pas mal de (jolis) plans fixes sur la nature environnante,
une bande son uniquement composée de musique locale (bon, on peut trouver
ça répétitif) et beaucoup d'éléments du film qui font clairement référence
aux spécificités de la vie sur les îles (le film s'ouvre d'ailleurs là-dessus).
Pourquoi pas final, ce n'est pas plus désagréable que si le tout se déroulait
dans une métropole grisatre quelconque.
Ensuite, venons-en au genre du film, ou plutôt à son absence de genre clairement
identifiable. Ce n'est pas vraiment une comédie puisqu'on ne rit pas, mais ça
se veut léger. En fait, ça veut parler des problèmes existentiels d'un homme
d'âge mur, mais en ayant l'air de ne pas y toucher. Si c'était réussi, ça
pourrait sûrement être le grand film à la fois pudique et profond que certains
critiques y ont vu. Mais désolé, personnellement je ne marche pas. Déjà, le
héros lui-même est vraiment trop plat pour qu'on arrive vraiment à s'attacher
à ses états d'âme (ses réactions sont hyper prévisibles, et le déroulement
général des événements l'est d'ailleurs tout autant). Quant aux
personnages secondaires (Clooney est le seul à pouvoir être qualifié de
personnage principal, il est de tous les plans), ça confine vraiment au
schéma sans intérêt. La fille ainée, qu'on découvre pourtant en pleine crise
en train de se défoncer joyeusement, se transforme illico en gentille fille
à papa et ne bougera plus de ce rôle de tout le film. Je ne parle pas de son
copain benêt dont on se demande bien pourquoi il a été intégré au film.
Bref, le film veut faire dans le réaliste bien vu, il fait juste dans le
réaliste chiant. Ce n'est pas profondément désagréable, mais admirer Clooney
(bien) faire l'acteur pendant deux heures ne justifie pas franchement le
déplacement selon moi. On a la désagréable impression lors de la scène finale
que tout s'est arrangé miraculeusement par rapport à la situation initiale,
alors qu'on ne nous a pas montré un seul changement de tout le film. Ca sent
l'arnaque...
Roupoil, 4 mars 2012.