Après avoir ressucité la franchise Batman presque à la
surprise générale il y a trois ans, c'est peu de dire que Nolan était
attendu pour cette suite. Le temps d'arriver chez nous, il a fait plus que
rassurer tout le monde en explosant tous les records outre-Atlantique,
"profitant" au passage de la dimension mythique qu'acquiert toujours la
dernière performance d'un acteur décédé trop jeune, Heath Ledger en
l'occurence. Quelle idée nous avons eue, donc, d'aller voir le film au
blockbuster du coin, séance du soir, le lendemain de sa sortie et veille
de jour férié ! De fait, c'était plein une heure avant le début de la
séance, mais on y voyait bien quand même.
En fait de suite, le film revient à peu près à la même période que le
premier Burton, avec comme méchant principal le Joker (mais les
scénaristes en ont rajouté un peu ici par rapport au contenu du premier
film de la série). Celui-ci, après avoir profité d'un sombre imbroglio
financier pour prendre la tête des malfrats de Gotham City, fait régner la
terreur à coups de chantages sordides, et sans but apparent. Pour
l'arrêter, Batman compte sur le nouveau procureur Harvey Dent, lui-même
commençant à se fatiguer des balades nocturnes moulé dans le latex.
Pas d'excursion au Tibet donc pour ce nouveau volet, à l'exception d'un
petit détour par Hong-Kong, l'action se concentre à Gotham et se recentre
sur les classiques, le tatanage de gros vilains aux masques effrayants. En
fait, on a un peu l'impression que les scénaristes n'ont pas voulu prendre
trop de risque et ont pondu un scénario solide mais sans surprise, seules
les vicelardises du Joker pouvant prêter à spéculation de la part du
spectateur.
Bon, et après ? Je vais dire comme pour le précédent volet : finalement,
on a peut-être pas besoin d'être surpris quand les ingrédients sont très
bons, comme c'est le cas ici. Une réalisation très efficace (c'est souvent
sombre, mais beau), un casting à la hauteur (bien sûr, on parlera beaucoup
du Joker de Ledger, personnellement je trouve que le personnage est trop
"comics" pour bien s'intégrer dans un film qui ne joue pas vraiment la
carte de la fantaisie), et surtout une atmosphère et une tension qui
fonctionnent presque en continu sur 2H30 de film. La première séquence,
braquage sur fond de musique qui n'en est pas vraiment, est fascinante de
rythme et de précision, et on ne peut pas vraiment dire que ça baisse
d'intensité ensuite. Allez, si, le film est quand même un brin longuet,
mais c'est surtout parce que la transformation de Dent en vilain à la fin
ne convainc pas (la scène à l'hôpital avec le Joker est d'ailleurs
grotesque d'invraisemblance, heureusement sauvée par Ledger pour le coup).
Malgré ces défauts mineurs, on ne peut nier que Nolan a réussi une belle
resurrection de l'homme chauve-souris, dans une vision certes très
éloignée de celle de Burton, mais qui ne manque pas non plus d'intérêt. Il
sera même certainement le premier à dépasser le cap des deux épisodes...
Roupoil, 16 août 2008.