The constant gardener,

film de Fernando Meirelles (2005)



Avis général : 7/10
:-) Un sujet intéressant. J'aime bien la réalisation.
:-( Le beau sujet est un peu survolé. Ralph Fiennes est assez plat.

Dernier film du jour, un rattrapage pour moi puisqu'il est sorti il y a déjà un certain temps. Ca commence assez curieusement avec une intervention des flics dans la salle de cinéma (une première en ce qui me concerne, et ils sont comme il se doit arrivés à cinq pour faire sortit un gars qui n'avait manifestement rien fait de très grave, je ne ferai pas de commentaire), une façon comme une autre de se mettre dans l'ambiance.

Si le titre vous surprend, sachez qu'il ne s'agit pas franchement d'un traité de botanique illustré, mais d'une plongée au coeur (ou plutôt autour) des magouilles orchestrées par les labos pharmaceutiques en Afrique. Au début du film, Tessa Quayle, épouse d'un diplomate anglais épris de jardinage et humanitariste très engagée, est retrouvée morte sur le bord d'une route au Kenya. Son mari veut savoir ce qu'elle pistait depuis plusieurs mois. Il vient de mettre le doigt dans un gros engrenage.

Son enquête est parsemée de flash-back nous permettant de revoir Tessa en action avant son "accident". Une construction qui ne fait que faire semblant d'embrouiller le récit pour rien, mais qui reste suffisamment lisible pour qu'on suive sans problème ce qui se passe. En fait, l'intrigue n'est pas assez complexe pour qu'on puisse être perdus. Quelque part c'est un peu dommage, car la question du test clandestin de médicaments en Afrique n'est sûrement pas aussi simple que ce que le film laisse penser (une bête histoire de complot mêlant les labos à la diplomatie anglaise, suffisant pour inspirer au spectateur un bon début de nausée, mais trop facile ; tout le monde est méchant par intérêt, et les noirs sont là pour morfler). Je me demande à ce propos à quoi ressemble le bouquin dont est tiré le film (et que je n'ai pas lu, comme il se doit), disons que ce dernier a au moins le mérite de mettre le doigt dans la mouise, à défaut de la remuer beaucoup.

Ce qui frappe finalement le plus, ce n'est donc pas tant le scénario que la réalisation de Meirelles. Je n'avais pas vu son premier film (La Cité de Dieu, qui a pourtant fait pas mal de bruit), j'ai donc été plongé assea brutalement dans son style très heurté, au montage souvent épileptique. Mais pas dans le mauvais sens du terme, comme on peut le constater dans un paquet de films d'action de nos jours, où on ne comprend plus rien à ce qui se passe. Ici, c'est juste nerveux, et ça colle très bien à ce qui nous est montré. On peut trouver que Meirelles en fait un peu trop, mais quand on voit ce qu'il donne quand il s'essaie à quelque chose de plus posé (la scène où Ralph Fiennes pleure sa femme), on se dit qu'il a peut-être raison. D'ailleurs, il aurait sûrement gagné à épurer l'histoire du fatras sentimentaliste qui la plombe (la passion de Sandy pour Tessa, on n'en a vraiment rien à péter, il y avait moyen de justifier le reste autrement) et nuit au rythme de l'ensemble.

Reste une impression assez curieuse, celle d'avoir subi un choc, mais fortement amorti par tout un tas de détails (le scénario, mais aussi l'interprétation), jusqu'à ressembler dans le fond à un film à grand spectacle de série. A voir tout de même pour admirer la forme, mais je ne suis finalement pas persuadé que ce soit le genre de film qui convienne le mieux à son réalisateur.

Roupoil, 9 février 2006.



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