Mon rythme de critiques n'est pas vraiment à son plus
haut cette année, mais j'ai quand même pris le temps il y a quelques jours
de faire un tour au ciné pour voir le dernier film asiatique à la mode.
Vous le savez, je ne suis pas toujours fan de cinéma extrême-oriental,
mais là ça nous vient de corée, et à en croire la rumeur, il y aurait un
petit arrière-goût de Park Chan-Wook là-dedans (le réalisateur
d'Oldboy). En tout cas, voila un premier film qui a impressionné
jusqu'à Cannes, donc on peut lui laisser le bénéfice du doute.
Joong-Ho est un drôle de personnages : ancien flic devenu maquereau, en
apparence peu intéressé par ses emplyé(e)s mais au fond plus sensible
qu'il n'y parait, le voila qui se retrouve sur la brèche quand plusieurs
de ses filles disparaissent coup sur coup. Il ne tarde pas à retrouver le
coupabe, qui s'accuse carrément de toute une série de meurtres, mais
impossible de savoir où habite le vilain. Par ailleurs, la police
va-t-elle croire à son histoire et faire le nécessaire pour retrouver
(insérer ici un nom asiatique que j'ai oublié), qui est peut-être encore
vivante, planquée dans la maison du tueur ? Joong-Ho va essayer de se
débrouiller tout seul.
On ne peut pas dire que l'intrigue soit d'une originalité extraordinaire,
remixant des classiques du polar glauque avec son flic dur à cuire, son
tueur inquiétant, et ses nombreuses poursuites dans les rues de Séoul.
Même le personnage de la petite fille, qui ajoute un potentiel émotionnel
au film, est assez classique. Mais à la limite, peu importe, puisqu'il
apporte suffisament de détails inattendus pour qu'on soit loin d'anticiper
les retournements. Déjà, le fait que le coupable soit arrêté presque
immédiatement, mais que le suspense perdure à cause du mystère de
l'emplacement de sa planque et de la possibilité ou non de le garder
prisonnier est intéressant. Et puis mine de rien, le suspense morbide
concernant le sort de la prostituée laissée à moitié morte sur le
carrelage de la salle de bains est efficace. Sans vous révéler la fin, je
dirai juste que ce n'est pas du tout tarte à la crème...
Pour le reste, il est indéniable que le jeune réalisateur a des idées, et
une grosse envie de se créer un style qui le démarque du tout venant du
polar glauque. Niveau réalisation, c'est dans l'ensemble très convaincant
: ça bouge bien, les scènes d'action et/ou gore sont bien foutues, et le
décor des ruelles bien exploité. On regrettera juste qu'à la troisième
poursuite on ait un peu l'impression de revoir la même chose qu'à la
première, mais dans l'ensemble on ne s'ennuie pas du tout, du moins quand
il y a de l'action.
L'autre touche très personnelle du film, c'est son curieux humour assez
noir, notamment quand il s'agit de dénoncer les dysfonctionnements
ahurissants de la police locale. Je dois dire que j'ai beaucoup moins
accroché à ce côté-là, qui semble exagéré (ça ne l'est peut-être pas, mais
à l'écran on y croit moyen) et surtout pas très intéressant, et
accessoirement désamorce souvent la tension. J'aurais préféré que le
réalisateur se concentre plus sur l'aspect dramatique (au sens drame) du
sujet, pour lequel il montre par moments des choses superbes (la fillette
qui pleure dans la voiture, la plus belle scène du film à mon goût). Bref,
tout n'est pas parfait dans tout ça, et on reste assez loin du choc d'un
Oldboy. Mais c'est tout de même une première tentive plus
qu'intéressante. Attendons que Na Hong-Jin réalise des films réellement
personnels plutôt que de poser sa marque sur un scénario de genre, et on
aura peut-être d'excellentes surprises.
Roupoil, 2 avril 2009.