The Black Book,

film de Paul Verhoeven (2006)



Avis général : 5.5/10
:-) C'est indiscutablement très soigné, "à l'ancienne" : reconstitution soignée, musique très présente.
:-( Une succession ininterrompue de scènes dramatiques (au sens premier du terme), sans laisser le temps aux personnages de se poser. Les pauvres sont réduits à l'état de caricatures.

Au milieu des grosse productions hollywoodiennes qui se bousculent à l'affiche cet automne (enfin, comme d'habitude, quoi), se cachait subtilement un intrus : gros moyens, grosse reconstitution (la deuxième guerre, pour chenger), grosse durée (2H30) et même un réalisateur qui a trainé sa bosse un moment aux Etats-Unis avant de revenir dans son Europe natale. C'est même la principale raison qui m'a poussé à voir le film, Verhoeven étant connu pour sa capacité à détourner tout ce qui lui passe sous la main, y compris le projet le plus bateau qui soit (repensons à Robocop et surtout à Starship Troopers). Ayant apparemment eu une certaine liberté d'action pour ce projet, on était en droit d'attendre le meilleur.

Verhoeven entame d'ailleurs avec un procédé inédit au cinéma : il commence par la fin !! Bon, je me fous un peu de lui : oui, il construit son film en flash-back, c'est un peu facile. Mais passons, on se retrouve donc au début de la guerre, où la jeune Rachel, juive comme son nom l'indique, se planque. On a à peine le temps de saisir la situation, qu'elle se retrouve pourchassée, puis que sa famille se fait massacrer, et qu'elle s'engage dans la résistance. Illico, les événements s'enchainent, elle doit draguer un officier nazi pas si méchant qu'il n'en a lair.

Le défaut majeur du film est là : ça enchaine pendant deux heures et demie, sans un seul moment de répit, les morceaux de bravoure et les scènes capitales pour le déroulement de l'intrigue. Certes, on ne risque pas de s'ennuyer. Mais le procédé est hélas fatal pour la psychologie des personnages, qui est complètement noyée dans le flot des événements. Pas une seule fois on a droit à une petite scène dialoguée pour éclircir un peu les motivations profondes des protagonistes. Du coup, ceux-ci sont réduits à leurs actes, et frolent forcément la caricature. Ceux qui ont trouvé le film ambigu et non manichéen se foutent un peu du monde, ce n'est pas parce qu'un nazi est gentil qu'il n'est pas complément cliché (ici, Müntze n'a pas une once de nuance dans son comportement). Justement, l'ambiguïté qui aurait du être le coeur du film passe presque inaperçue (même pas moyen d'être choqué de la trahison du méchant, puisqu'on ne la comprend absolument pas).

C'est d'autant plus dommage qu'on sait Verhoeven capable de dépasser le film gentillet sans prise de risque. Ici, on a juste l'impression qu'il a placé quelques scènes pseudo trash pour faire coucou à ses fans, mais il reste cantonné dans un classicisme surprenant (voire même daté !). Par ailleurs, ce n'est pas ce que je lui reproche, car c'est techniquement superbe : images léchées tout le long du film, musique peut-être trop présente mais moi j'aime bien, réalisation fluide, et qui plus est les acteurs sont bons. Ce sont d'ailleurs eux qui évitent à leurs personnages de sombrer dans le ridicule par moments (celui qui me prétend que le personnage de Theo n'est pas une complète caricature n'est vraiment pas objecitf).

Je suis sûrement un peu sévère avec ce film devant lequel on passe finalement un bon moment, mais je pense qu'il sera de mon esprit d'ici quelques jours, et je ne vois pas de raison d'être indulgent avec une grosse production. Quelque part, la qualité technique, c'est le minimum qu'on puisse demander d'un tel film. Ici, On n'a pas beaucoup plus.o

Roupoil, 17 décembre 2006



Retour à ma page cinema