The Artist,

film de Michel Hazanavicius (2011)



Avis général : 6/10
:-) Bien fait, bien construit, le film distrait constamment.
:-( Une fois le concept posé, on ne prend finalement pas tellement de risque, et le scénario est bateau.

Parmi les films français sélectionnés cette annéeà Cannes, cet Artist au titre fleurant bon le Shakespeare était clairement le moins tricolore. Des stars américaines à l'affiche, une intrigue se déroulant à Hollywood, et pas le moindre mot de français prononcé. Et pour cause, pusique le film est muet ! Après quelques zouaveries dans la peau d'OSS 117, Jean Dujardin revient donc hanter le cinéma de Michel Hazanavicius, mais côté plus sérieux cette fois, avec un prix d'interprétation sur la Croisette à la clé, et même de folles rumeurs concernant les Oscars. Diable, le duo a-t-il donc tant changé que ça ?

Si le film est muet, et en noir et blanc, c'est qu'il se déroule à une époque déjà explorée par quelques classiques du grand écran, le passage au cinéma parlant à la fin des années 20. Le moustachu George Valentin, grande star du muet, est confronté à cette révolution et voit son statut vaciller, alors que la jeune Peppy Miller qu'il a contribué à lancer, et qui est une de ses fans les plus fidèles, suit une trajectoire inverse.

Tout cela vous rappelle quelque chose ? Au hasard, Chantons sous la pluie (et d'autres que je n'ai pas vus) ? C'est normal, le réalisateur a souhaité avec ce film faire un hommage à quelques classiques du cinéma, et ne cache pas que son scénario est sous forte influence. Idée sympa, mais au fond un peu décevante, car ce qui était sur le papier un film d'une folle audace (du muet en 2011 ? Trop cool !) se révèle finalement un parcours très balisé et déjà vu, avec une prise de risque somme toute très limitée. On a même parfois l'impression, avec l'insertion de pas mal de panneaux de diqlogues, que le film a un peu peur de son parti pris. Mais justement, un peu plus de fantaisie aurait pu l'enrichir formidablement, comme lors de cette très intéressante séquence où Valentin se met à entendre le bruit des objets qui l'entourent, tout en étant incapable d'émettre lui-même un son.

Ces réserves émises, le film reste tout à fait agréable à regarder, porté par des acteurs convaincus et convaincants, un chien parfait, et surtout un rythme suffisamment enlevé pour qu'on ne décroche jamais, alternant les moments franchement comiques avec la progression d'une intrigue tout de même relativement dramatique. Ca tourne un poil en rond sur la fin, mais on est tout de même heureux que le happy end, un peu facile mais pas idiot, pointe le bout de son nez.

Bref, bien que n'ayant pas tenté son pari avec toute la folie qu'il méritait, Hazanavicius l'a réussi : faire un film complètement anachronique et qui tient pourtant fort bien la comparaison avec ses contemporains. Les Oscars ? C'est largement exagéré, mais il est vrai que les américains ont tellement de mal à pondre autre chose que de la bouse de nos jours que ça doit leut faire bizarre de voir un film qui ne soit pas une copie directe d'un autre, et qui soit divertissant.

Roupoil, 28 novembre 2011.



Retour à ma page cinema