Tesis,

film d'Alejandro Amenabar (1996)



Avis général : 8/10
:-) Un suspense qui fonctionne à merveille, très bien rythmé, et qui utilise à merveille images et (surtout) son.
:-( Les ficelles sont un poil grosses. Ca sent un peu le premier film également.

Après avoir découvert les oeuvres ultérieures d'Amenabar, il était temps que je me replonge dans son premier film, pas franchement le plus connu par chez nous mais que j'avais eu la chance de découvrir sur grand écran il y a quelques années déjà. Bon, faut dire qu'avec un titre pareil il trouvait naturellement sa place dans ce cher Ciné-club de l'ENS. J'en gardais en tout cas un très bon souvenir.

Angela fait une thèse sur la violence dans l'audiovisuel, un sujet en or pour un film... D'autant mieux choisi que la fac où elle étudie semble être un endroit idéal pour ses recherches, étant elle-même au coeur d'une drôle d'affaire. Un prof qui meurt d'une crise cardiaque en regardant une cassette, sur laquelle se trouve un film mettant en scène la torture et le meurtre d'une étudiante disparue deux ans auparavant. Angela sera-t-elle la prochaine victime ? Chema, le garçon qui l'a aiguillé, en sait-il plus qu'il ne le dit ? En tout cas, ça va saigner (mouahaha).

La violence au cinéma n'est pas un thème spécialement neuf, et fréquemment sujet à des mises en abyme plus ou moins réussies, le probléme étant toujours de savoir quoi montrer pour dénoncer sans tomber soi-même dans l'étalage gratuit (au passage, bon point pour la référence à Cannibal Holocaust via un T-shirt porté par Chema). Amenabar réussit à trousser un scénario qui évite cet écueil, acceptant volontiers de montrer quelques images ignobles, mais en se concentrant sur les réactions d'Angela, qui tout en se disant opposée et révulsée par la violence, regarde toujours au moins du coin de l'oeil les horreurs que lui propose Chema. Suffisant pour mettre le spectateur vaguement mal à l'aise.

Surtout, le jeune réalisateur réussit à faire une utilisation fort réussie de ces images et surtout des sons qui les accompagnent (mettez pas la télé trop fort en regardant le DVD si vous voulez pas faire peur aux voisins) pour mettre le spectateur sous tension permanente. Comme par ailleurs le film est construit comme un thriller (le côté réflexion/dénonciation étant surtout sous-jacent) pas toujours très original (quelques belles grosses ficelles dans les divers rebondissements, et le tout n'est pas franchement crédible, mais bon) mais extrêmement bien monté, on est tout le temps sur le qui-vive, des premières scènes (l'exposition est très rapide) à la conclusion assez marquante.

Efficace avant tout, le film n'en est pas moins réussi techniquement, la maitrise d'Amenabar à la caméra étant déjà très impressionnante (très bonne utilisation des décors également), malgré quelques petits défauts de jeunesse (quelques champ-contrechamp qui sentent l'application du bon élève, une utilisation de la musique un brin risible lors de la première rencontre entre Chema et Angela). On lui pardonnera volontiers tant l'oeuvre est prenante, restant à mon goût son meilleur film à ce jour.

Roupoil, 25 février 2008.



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