Après avoir découvert les oeuvres ultérieures d'Amenabar,
il était temps que je me replonge dans son premier film, pas franchement
le plus connu par chez nous mais que j'avais eu la chance de découvrir sur
grand écran il y a quelques années déjà. Bon, faut dire qu'avec un titre
pareil il trouvait naturellement sa place dans ce cher Ciné-club de l'ENS.
J'en gardais en tout cas un très bon souvenir.
Angela fait une thèse sur la violence dans l'audiovisuel, un sujet en or
pour un film... D'autant mieux choisi que la fac où elle étudie semble
être un endroit idéal pour ses recherches, étant elle-même au coeur d'une
drôle d'affaire. Un prof qui meurt d'une crise cardiaque en regardant une
cassette, sur laquelle se trouve un film mettant en scène la torture et le
meurtre d'une étudiante disparue deux ans auparavant. Angela sera-t-elle
la prochaine victime ? Chema, le garçon qui l'a aiguillé, en sait-il plus
qu'il ne le dit ? En tout cas, ça va saigner (mouahaha).
La violence au cinéma n'est pas un thème spécialement neuf, et fréquemment
sujet à des mises en abyme plus ou moins réussies, le probléme étant
toujours de savoir quoi montrer pour dénoncer sans tomber soi-même dans
l'étalage gratuit (au passage, bon point pour la référence à Cannibal
Holocaust via un T-shirt porté par Chema). Amenabar réussit à
trousser un scénario qui évite cet écueil, acceptant volontiers de montrer
quelques images ignobles, mais en se concentrant sur les réactions
d'Angela, qui tout en se disant opposée et révulsée par la violence,
regarde toujours au moins du coin de l'oeil les horreurs que lui propose
Chema. Suffisant pour mettre le spectateur vaguement mal à l'aise.
Surtout, le jeune réalisateur réussit à faire une utilisation fort réussie
de ces images et surtout des sons qui les accompagnent (mettez pas la télé
trop fort en regardant le DVD si vous voulez pas faire peur aux voisins)
pour mettre le spectateur sous tension permanente. Comme par ailleurs le
film est construit comme un thriller (le côté réflexion/dénonciation étant
surtout sous-jacent) pas toujours très original (quelques belles grosses
ficelles dans les divers rebondissements, et le tout n'est pas franchement
crédible, mais bon) mais extrêmement bien monté, on est tout le temps sur
le qui-vive, des premières scènes (l'exposition est très rapide) à la
conclusion assez marquante.
Efficace avant tout, le film n'en est pas moins réussi techniquement, la
maitrise d'Amenabar à la caméra étant déjà très impressionnante (très
bonne utilisation des décors également), malgré quelques petits défauts de
jeunesse (quelques champ-contrechamp qui sentent l'application du bon
élève, une utilisation de la musique un brin risible lors de la première
rencontre entre Chema et Angela). On lui pardonnera volontiers tant
l'oeuvre est prenante, restant à mon goût son meilleur film à ce jour.
Roupoil, 25 février 2008.