Le retour de la vengeance de la mort du giallo par Dario
Argento, quetrième volet de mon coffret. J'ai attendu un peu depuis le
précédent pour ne pas me surcharger, car mine de rien c'est du cinéma qui
marque. Après une progression dans la qualité et vers le côté horrifique
de la force dans les trois précédents films que j'ai vus de lui, qu'allait
nous réserver Argento après un petit bond dans le temps pour rejoindre les
années 80 (pas toujours source de grande inspiration) ?
Première constatation, il est revenu au giallo pur et dur de ses débuts.
Un auteur de bouquins d'horreur vient faire la promo de son dernier opus,
Ténèbres, en Italie. Mais un vilain commence à zigouiller des
jeunes femmes dans son entourage en s'inspirant dudit bouquin. Comme le
veut la tradition, l'écrivain va mener l'enquête à la place de la police,
sinon on ne s'en sortira jamais.
Soyons honnêtes, dès les premières minutes, on se rend compte qu'il y a
quelque chose qui tourne dans le vide. Pourtant, de loin, ce nouveau
giallo est vraiment extrêmement proche des premières oeuvres du maitre
(euh, mérite-t-il vraiment ce titre, en fait ?). Mais là où à la fin des
années 60, l'enthousiasme d'Argento suffisait à faire oublier les
insuffisances et exagérations, ici au contraire elles sont soulignées de
façon plus que gênante. La réalisation abuse d'effets faciles qui
annihilent le suspense (hop, trois gros plans sur la valise, attention, il
va se passer quelque chose), et tout le reste est catastrophique. Les
acteurs sont pour certains tout simplement mauvais, la musique des
Goblins (plutôt intrigante dans Suspiria) s'est transformée en
techno anticipée à se pisser dessus tellement c'est caricatural (en un
sens, un exploit de réussir une musique aussi parfaitement nulle), et bien
sûr le scénario semble avoir été écrit en trois jours (enfin non, parce
qu'on a aussi l'impression qu'il a été modifié en cours de tournage
tellement c'est n'importe quoi).
Tout ceci nous pousse assez naturellement à nous poser la question de la
validité du film en tant que nanar. Là, tout de suite, il y a plus de
potentiel, Argento ayant un peu évolué au niveau de ce qu'il montre à
l'écran : nanas presque à poil de temps à autre, et surtout des meurtres
beaucoup plus rigolo, la peinture murale au moignon restant sans aucun
doute le moment le plus fort du film (hilarant). Il faut malheureusement
attendre la deuxième moitié du film pour quitter la zone de la
consternation pour se laisser aller à un rire guilleret.
Soyons sérieux deux minutes, quelle que soit la raison pour laquelle vous
regardez ce film, et même si vous êtes fan d'Argento, vous trouverez sans
difficulté beaucoup mieux que ce navet daté. Il me reste encore un film à
voir dans mon coffret, mais je crois que je vais attendre un peu avant de
m'y risquer...
Roupoil, 27 décembre 2006.