Taxidermie,

film de György Palfi (2006)



Avis général : 7/10
:-) Une réalisation toujours intéressante, parfois bluffante. Le côté "no limit" du film, ça fait plaisir de voir quelque chose de différent.
:-( Bon, c'est assez trash. Et surtout, on s'ennuie par moments devant les déboires de ces drôles de personnages.

Après un film franchement calibré et un faussement délirant (le dernier Gondry), je me décide sur un coup de tête à aller explorer les méandres du cinéma bis (voire plus...) avec ce film hongrois dont l'affiche et les commentaires que j'avais pu en avoir laissaient entendre qu'il serait assez perturbant. Confiant dans ma relative insensibilité aux images violentes, j'y fonce à peine mon déjeuner fini. Je vais tout de suite faire un gros warning : clairement, ce film ne s'adresse pas à tout le monde. Les images sont souvent extrêmes (du sexe, du vomi, du découpage d'organes filmé de près, entre autres), n'y allez pas si vous ne le sentez pas...

Il s'agit de l'histoire de trois hommes, trois générations d'une même famille, chacun portant sa part de bizarrerie, toujours en rapport étroit avec le corps. Le premier est un onaniste forcené, le second mangeur sportif professionnel (eh ouais), et le dernier de la lignée taxidermiste (d'où le titre), mais aux ambitions un peu particulières. Le cinéaste consacre approximativement une demi-heure à chaque, mais si les deux derniers ont droit à une narration aseez classique (l'évolution de la carrière pour le bouffeur, les engueulades avec le père pour le taxidermiste), le premier tiers est beaucoup moins clairement construit, suite de scènes étranges basculant parfois vers le fantasme.

A posteriori, c'est sûrement cette première partie qui est la plus séduisante. On se demande un peu où on est au début, et les dialogues tout comme les images sont assez lourds, mais c'est visuellement fascinant. L'atmosphère est intrigante (on a vraiment l'impression que tout ça se déroule au milieu de nulle part), et Palfi sort à quelques reprises des plans d'une beauté foudroyante : le plan tournant sur la baignoire notamment (oui, je sais, dit comme ça, ça peut paraitre curieux) est absolument magnifique, l'un de mes plus beaux moments de cinéma ces dernières années, rien que ça.

La suite est un tout petit moins convaincante, le fait d'avoir un peu plus de rigueur narrative semblant contraindre le réalisateur à des scènes bêtement dramatiques (au sens premier du terme : qui font avancer l'action) qui font un peu pâle figure comparées au reste. Dans le dernier tiers, les scènes entre le fils et le père paraissent même étrangement creuses. Reste, la plupart du temps, des scènes volontairement dérangeantes (et toujours aussi maitrisées) qui font leur petit effet, et une fin assez impressionnante. Certains n'ont pas manqué de trouver l'accumulation d'images extrêmes gratuite. Je ne suis pas tout à fait d'accord : Palfi en fait peut-être un peu trop (les découpages sur la fin auraient pu être abrégés, mais je ne pense pas que ça aurait changé l'avis de ceux que ça a choqué), mais il a toujours ses raisons. Après, le fait que le film soit essentiellement fondé sur les horreurs du scénario et les expérimentations visuelles est discutable...

En ce qui me concerne, j'ai aimé. Vraiment. Mais, peut-être plus que pour tout autre film, il est indispensable de voir pour se forger son avis. En tout cas, je ne manquerai pas de suivre l'évolution de ce garçon, qui en est presque à ses débuts. Il a des horreurs dans la tête, mais de l'or dans les mains...

Roupoil, 1 septembre 2006.



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