Taxi driver,

film de Martin Scorsese (1976)



Avis général : 7.5/10
:-) Un visuel vraiment intéressant. De Niro très bon (et Jodie Foster aussi). Et ça donne matière à réflexion.
:-( La narration gentiment platounette pendant une bonne partie du film.

Les différents films de Scorsese que j'avais pu voir jusqu'à présent m'ayant inégalement convaincu, il était peut-être temps pour moi de revenir aux sources de son art, avec ce qui fut le premier grand choc de sa carrière (les puristes me pardonneront d'oublier Mean Streets). J'avais déjà tenté de le voir à la maison, mais un problème de son m'en avait dissuadé (suivre un film uniquement aux sous-titres, ça n'a pas l'air génial), c'est finalement devant un grand écran que j'ai trouvé l'occasion de me rattraper.

Le nom de Travis Bickle fait désormais partie intégrante de la légende du septième art. Travis est un jeune homme assez insignifiant et insomniaque qui dégote un boulot de chauffeur de taxi de nuit à New York. Il essaie aussi de draguer une charmante jeune femme, mais échoue lamentablement (un peu un loser, le Travis), ce qui fait remonter chez lui sa haine de la société et surtout de la faune disparate qu'il croise sur les trottoirs des quartiers mal famés de la ville. Il s'achète plusieurs armes, mais sait-il vraiment ce qu'il va en faire ?

Bien sûr, on sait (parce qu'on a déjà entendu parler du film, mais ça ne laisse guère de doute de toute façon) que travis va finir par faire un usage violent de cet arsenal et que, donc, tout se finira mal. Eh bien, on se trompe un peu. Car Scorsese réserve à son anti-héros une sorte de rédemption finale par le carnage qui laisse le spectateur désemparé. On continue à se poser des question longtemps après la dernière image. Qu'est-ce que c'est que ce pays où les politiques sont des pantins, la police inexistante et le nettoyage opéré par Travis glorifié ? Et surtout, que penser de Travis Bickle, ce minable ordinaire que sa tentative avortée de rejoindre un monde normal et rassurant (celui de Betsy) a poussé aux pires extrémités et qui sera paradoxalement sauvé (provisoirement ?) par un pur déchainement de violence sourde (et aveugle) ? Quelle différence entre un paria et un héros, juste le regard acéré d'un gorille qui l'empêche de sortir son flingue au mauvais moment et au mauvais endroit ? Chacun en pensera ce qu'il voudra, mais Scorsese lui-même fait pencher son constat vers le pessimisme.

Cette conclusion bluffante ne doit tout de même pas faire oublier le reste du film. Pendant une bonne heure, le récit se déroule linéairement, sans qu'on s'ennuie mais sans non plus être profondément marqué par ce qu'on voit. Pourtant, Scorsese fait des efforts point de vue réalisation (des mouvements de caméra assez rigolos notamment) et réussit à instaurer une ambiance (il réussit, ce qui n'est jamais évident, à faire un film daté mais pas vieilli). Le film décolle réellement losqu'on découvre le personnage d'Iris, formidablement interprété par la toute jeune Jodie Foster (au passage, De Niro est très bien aussi, mais ça va presque sans dire).

Et puis vient la fameuse explosion de violence. D'un point de vue purement technique, elle est ... suprenante. Je n'irais pas jusqu'à dire que je trouve ça complètement génial, mais il y a indéniablement quelque chose qui la démarque de beaucoup de ses semblables. Un peu à l'image de tout le film, finalement. Film que, tout compte fait, je classe volontiers comme mon Scorsese préféré. Je me sens un peu plus réconcilié avec lui maintenant :-).

Roupoil, 11 août 2006.



Retour à ma page cinema