Take shelter,

film de Jeff Nichols (2011)



Avis général : 6.5/10
:-) Belle ambiance prenante, acteurs convaincus, on se laisse prendre.
:-( Ca reste très minimaliste, parfois répétitif, à d'autres moments sans grand intérêt.

Comme vous le savez tous, 2012, c'est la fin du monde. Une aubaine absolue pour les cinéastes de tous bords, soucieux de présenter leur vision de la fin du monde. Et mine de rien, il y a de la variété, car à côté de l'inévitable 2012 signé Roland Emmerich (critique à venir sur ce site) et autres blockbusters plus ou moins gonflés de l'effet spécial et ratatinés du scénario qui lui ont emboîté le pas, se trouvent aussi des visions plus personnelles colportés par le cinéma indépendant. Parmi celle-ci, on peut même trouver un film quasi-unanimement qualifié de chef-d'oeuvre par la critique, le Take shelter de Jeff Nichols.

Bon, mais alors, c'est vraiment la fin du monde et ça pète de partout ? Oui et non. En fait, pour l'instant, l'apocalypse n'est que dans la tête de Curtis, brave américain moyen père de famille (il a une fille sourde) vivant dans une maison comme on en voit dans tous les films américains (comprendre un truc immense au milieu des champs avec un brave toutou pour occuper l'espace). Il se met à rêver d'une formidable tempête balayant tout sur son passage et perturbant sérieusement le comportement de ses proches (pensez, le brave toutou se met à mordre !). Les rêves étant récurrents et agressifs (ses blessures ont beau être virtuelles, il a mal pendant des heures), Curtis se met à se comporter bizarrement, voit un psy en cachette, et commence des travaux pour agrandir son abri anti-tempête.

Vous l'aurez compris, le film n'est certainement pas orienté science-fiction, mais bien psychologie. Curtis est-il un visionnaire génial ou un illuminé façon Paco Rabanne ? Le film se décide à donner une réponse tout à la fin, mais peu importe, toutes les explications sont raisonnables. Ce qui est intéressant, c'est de voir cet homme seul contre tous, doutant manifestement lui-même de ce qu'il est en train de faire, menant peut-être sa famille à la ruine (financière) sans raison. Il va de soi que l'entourage est assez peu compréhensif, à l'exception de sa femme qui alterne entre grande inquiétude et soutien sans faille.

Eh ben, mine de rien, sans grand coup de théâtre ni effets spectaculaires, le film réussit à faire monter la tension, et à nous intéresser vraiment au destin de son personnage principal. Il faut dire que Nichols sait installer l'ambiance, les plans sont souvent très beaux et les acteurs bien dirigés. Après, ça va de soi, il faut aimer les films d'ambiance, certains trouveront sûrement ça tout bonnement chiant (d'ailleurs, j'ai vu des comparaisons avec du Malick, comme quoi le risque est grand). C'est en tout cas indiscutablement répétitif, notamment avec ces nombreuses scènes de rêve qui se ressemblent somme toute pas mal.

Bref, c'est du film d'auteur, auquel on peut adhérer ou non. Sans aller jusqu'à crier au chef-d'oeuvre (la critique a peut-être un peu trop fumé, il n'y a rien non plus là-dedans de foudroyant), j'ai été séduit. Sûrement beaucoup plus intéressant que 2012, pour en revenir là. Mais nettement moins tape-à-l'oeil, c'est certain.

Roupoil, 5 février 2012.



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