S'il y a un film que j'attendais tout particulièrement
pour ce début d'année, vous vous en doutez, c'est le petit dernier de mon
cinéaste fétiche, j'ai nommé Tim Burton. Affublé d'un sous-titre aussi
grotesque qu'inutile (que j'ai d'ailleurs flemmardement zappé de mon
compte-rendu) et d'un Johnny Depp qui pousse la chansonnette, voilà de
quoi titiller la curiosité. Du musical ? Trop cool. Ah merde, du musical
sans Danny Elfman, ça va peut-être être un poil moins cool, en fait.
M'enfin, voyons quand même ce que ça donne.
Sweeney Tood fut jeune, beau et heureux avec sa femme jeune et belle. Mais
un gros vilain qui trouvait sa femme un peu trop belle pour lui l'a envoyé
ramer un peu sur une galère, tout en lui piquant sa fille (pour la femme,
il a bien essayé mais ça a foiré). Revenu à Londres, Todd n'est pas
content, alors faites gaffe à la vengeance du barbier, ça va saigner.
Le film est adapté d'une comédie musicale (enfin, comédie, façon de
parler) de Broadway, ce qui ne se sent pas uniquement parce que les
personnages poussent la chansonnette à tout bout de champ, mais aussi au
niveau de la construction du récit et de la faiblesse du scénario
(quelques archétypes, un bout d'histoire vu et revu, ça ne va pas loin).
Pas grave, se dit-on, le scénar de Sleppy Hollow n'était pas
forcément son point fort, et le film était excellent. Certes, mais là ce
n'est pas du tout la même chose. Dès le départ, on sent en fait une grosse
dose d'artificialité dans tout ça. Les décors et costumes sont certes
soignés, et les acteurs chantent mieux que ce qu'on pouvait craindre, mais
on a un peu de mal à rentrer dans le truc.
Peut-être que le savoir-faire de Burton ne suffit tout simplement pas à
transformer une gentille recette un peu lourde en sommet de cinéma comme
pouvaient l'être certains de ses films précédents ? Ou peut-être plus
simplement la musique un brin rasoir (bon, ok, c'est nul, mais j'ai pas pu
m'empêcher) ne suffit-elle pas à remplir les scènes chantées, par force un
peu statiques (celles du jeunot énamouré sont limite saoulantes). Fort
heureusement, plus le film avance, et plus le scénario s'enfonce dans le
macabre, permettant à Johnny Depp de vampiriser le film et de donner à
Burton un regain d'énergie niveau mise en scène, qui débouche sur un
final assez saisissant. Ceci dit, dès la scène de retrouvailles des
rasoirs, le film avait laissé entrevoir un potentiel hélas pas toujours
exploité.
Difficile au fond de se plaindre d'un film qui prend des risques (un genre
pour le moins casse-gueule) et relève par moments ces défis avec un
véritable brio, on se contentera donc de le trouver assez inégal. Ce qui
fait peut-être le plus mal (ou le plus plaisir ?) dans tout ça, c'est de
constater qu'un Burton pas au top réalise tout de même l'un des meilleurs
films de l'année...
Roupoil, 2 février 2008.