Spiderman 2,

film de Sam Raimi (2004)



Avis général : 6/10
:-) Des scènes d'action très bien foutues, un gros méchant intéressant, et puis parfois un début de commencement de tentative de réflexion.
:-( Il reste beaucoup de clichés, de scènes incontournables mais planplan, et une fin repêchée dans la poubelle à scenarios d'Hollywood.

Comme je dis souvent dans ces pages du mal du système hollywoodien, on pourrait penser que je pars avec un fort a priori négatif quand je vais voir un film comme Spiderman 2. Il n'en est rien : le premier épisode m'avait beaucoup plu et c'est donc avec une certaine impatience que j'attendais le second volet. D'ailleurs, la preuve, je suis allé le voir la semaine même de sa sortie, ce qui ne m'était pas arrivé depuis, euh, attendez que je refléchisse, euh, ah ben depuis Gozu en fait.

Il faut croire que j'étais cette fois-ci dans un état d'esprit moins favorable que quand j'avais vu le premier Spiderman, car les premières minutes ne me semblent guère convaincantes. On y voit un Spiderman (Tobey Maguire est toujours aussi bien dans la peau du super-héros, c'est toujours ça de pris) aux prises avec la vie de tous les jours (notons d'ailleurs que le réalisateur se désintéressera totalement de ses problèmes financiers à partir du moment où il se fait virer de son job, c'est assez curieux). On ne s'ennuie pas, mais ça reste un peu mollasson. Heureusement, on ne va bien sûr pas en rester là. Débarquent rapidement la, euh, enfin celle qui n'est pas la petite amie du héros, et qui a un peu de mal à comprendre les agissements d'un pauvre Parker qui se fait du coup jeter pour un beau gosse un peu moins torturé que lui ; et puis bien sûr le gros méchant du jour !

Ce méchant est d'ailleurs à mon goût l'une des réussites du film. Il s'agit d'un physicien (rien que ça, c'est bon, comme il se doit, les explication scientifiques qui émaillent le film sont une source de rigolade pour les quelques scientifiques de la salle) génial, sur le point de maîtriser la création d'énergie par fission atomique, jusqu'à ce que l'expérience ne dégénère et qu'il se retrouve sous les contrôle de quatre tentacules de feraille accrochées à son dos, et qui ne pensent qu'à recréer une fission pour prendre le contrôle du monde (en gros). Il est intéressant à plus d'un titre. Déjà, le personnage lui-même n'est pas fondamentalement méchant (ce qui permet accessoirement une fin où le pathos le dispute au pathétique). Et surtout, il représente une sorte de double du héros, d'une part par sa qualité de scientifique (Parker est étudiant en physique), et d'autre part par sa capacité à grimper aux murs (qui permet des combats assez grandioses à flanc d'immeubles new-yorkais).

Le thème du double est de toute façon omniprésent dans Spiderman : le héros lui-même est en permanence en pleine quête identitaire. C'est d'ailleurs l'un des intérêts du film par rapport au blockbuster hollywoodien moyen. Il pousse presque l'audace jusqu'à commencer une reflexion sur ce statut de héros si pesant. Ca ne va pas très loin et c'est souvent assez plat (la scène de déménagement de la tante de Parker, où un gamin lui explique que les gens "ont besoin de Spiderman", est à la limite de la niaiseraie), mais le film pose les bonnes questions et nous pousse à nous interroger nous-même sur la raison de notre fascination pour les super-héros (car j'avoue retrouver, devant un tel film, mes rêves de gamin, et m'imaginer sautant de mur en mur pour voler au secours de la veuve et de l'orphelin).

Autre point positif, l'efficacité des scènes d'action. Les effets spéciaux sont époustouflants, les voitures volent avec grâce, les scènes de combat sont indiscutablement réussies. Je m'aperçois que je dis finalement pas mal de bien du film, alors avant de conclure, n'oublions pas quelques défauts : l'intrigue amoureuse et les scènes avec Harry (le fils du gros méchant du premier épisode et employeur du gros méchant du second, et meilleur ami de Parker) sont un peu plates, voire déconnectées du reste en ce qui concerne M.J., qui ne manquera toutefois pas de se faire enlever par le méchant et mouiller un peu (et puis bon, pour une fois qu'on a une visibilité Roupoilesque à l'écran, même si elle est mieux en blonde, on ne va pas s'en plaindre). L'épilogue du film est d'ailleurs un empilement de clichés assez atroce.

Dommage, mais dans l'ensemble, ce second épisode reste une réussite, même si je préférais en ce qui me concerne le premier. Espérons juste que les scénaristes éviteront de nous pondre un Spiderman 3 inutile, ou retrouverons une inspiration un peu plus originale.

Roupoil, 21 juillet 2004.



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