Spartacus,

film de Stanley Kubrick (1960)



Avis général : 6.5/10
:-) Un fond politique assez passionnant, de grands acteurs, et de belles scènes d'extérieur.
:-( Les décors calamiteux. Pourquoi se concentrer autant sur une romance nunuche ?

Garçon, un Kubrick vieux cru, s'il vous plait ! Je n'avais pas vu celui-ci depuis fort longtemps, à une époque où je regardais encore les peplum le soir à la télé avec mes parents (ça doit d'ailleurs faire un moment que nos chères chaines nationales ne se risquent plus à passer ce genre de films). Film de commande et plus ou moins renié par Kubrick ensuite, mais une pierre de plus à l'incroyable éclectisme du maitre. Les bastons en jupons à la mode Kubrick, à quoi donc cela ressemble-t-il ?

Le scenario est inspiré de faits réelles, la revolte d'esclaves menée par Spartacus contre Rome peu avant l'avènement de Cesar à la tête de l'empire. Pendant un bon moment, le film se concentre surtout sur le personnage de Spartacus : vendu à un formateur de gladiateurs, entrainé à la dure loi de l'arène, puis sommé de se battre à mort avec un de ses collègues pour les beaux de deux riches romaines. C'est alors qu'il commence à glisser subtilement, alors que Spartacus se retrouve presque malgré lui leader d'une révolution en marche (et dont on entend finalement assez peu parler...), vers une analyse de la politique romaine pour le moins enrichissante.

La principale force du film est d'ailleurs là : dépasser le stade du grand spectacle rutilant pour analyser en profondeur les motivations de tout ce remue-ménage. Des batailles ? Il n'y en a presque pas dans Spartacus. Des discussions politiques dans les thermes de Rome, beaucoup plus ! Quand on sait qui plus est que les principaux rôles sont tenus par Laurence Ollivier ou Charles Laughton, il y a de belles tirades à prévoir. De fait, le film montre merveilleusement comment le sort de Spartacus et de ses comparses se joue au Sénat romain, ce qui se passe sur le terrain étant ensuite couru d'avance. Un certain cynisme parcourt cette utopique tentative de libération des esclaves, qui se finit d'ailleurs bien mal, même si on essaie de nous faire croire à un simili happy end (génial, 3000 massacrés pour un gamin libéré).

Là où le bât blesse c'est qu'il y a quand même tout un pan du film qui se préocuppe des amours de Spartacus et Varinia, à base de "oh comme la vie sera belle quand on sera libre" et là c'est franchement cruche. À croire que Kubrick n'a pas eu totalement la main sur le projet, ce qui se sent aussi à quelques détails au niveau de la réalisation qui sont pour le moins daté. Le mélange de scènes en décors naturels (très beaux pour le coup) et de studio affreusement voyant. Le "This is Rome" devant le pan de carton peint à l'huile, c'est à mourir de rire, et forcément, la tension ambiante en prend un coup. Toutes le scènes dans la forêt sont aussi très kitsch.

Drôle de décalage donc entre des moments vraiment excellents (la fameuse scène de bain censurée mérite d'être mythique) et d'autres qui ne se démarquent absolument pas du tout-venant du péplum carton-pâte de l'époque. Un demi-Kubrick ? C'est déjà pas mal.

Roupoil, 25 septembre 2007.



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