Slevin,

film de Paul McGuigan (2006)



Avis général : 5.5/10
:-) Il y a du beau monde au balcon. Le côté décalé est plutôt réussi, et le scénario n'est pas si idiot que ça, à défaut d'être bien exploité. Musique sympa.
:-( Réalisation un poil pédante, rythme au fond paresseux, ça ne tient pas toutes ses promesses.

Voilà donc le petit polar futé de l'été, qui essaie de se faire sa place au soleil en embrouillant le spectateur. Le titre fait penser à Seven, les complications dans le scénario à Usual suspects, le style à Tarantino, et le casting ferit trembler tous les films préités réunis. Lourde hérédite donc, pour le presque débutant qu'est Paul McGuigan. N'aurait-il pas eu, par hasard, les yeux un peu plus gros que le ventre ?

En tout cas, il assume pas mal. Après un générique parsemé de cadavres, on retrouve Bruce Willis dans un curieux monologue avec flash-back à la clé, puis on découvre enfin le Slevin du titre. Loin de nous expliquer les scènes précédentes, celui-ci est lui-même entrainé dans un imbroglio invraisemblable. Alors qu'il débarque chez son pote Nick Fisher après s'être fait virer de son boulot puis agresser dans la rue, il est pris pour lui et se retrouve trimbalé torse poil, tout d'abord chez le Boss puis chez le Rabbin, les deux caïds de la ville, avec des missions plutôt tendues à la clé. Slevin n'a pas l'air de trop s'en faire, il dragouille sa voisine et s'apprête à s'improviser tueur.

Le fin mot de l'histoire ne sera comme il se doit dévoilé qu'à la fin, mais ne vous attendez pas à un jeu de piste calibré au millimètre comme dans Usual suspects. L'intrigue embrouille au fond assez mal le spectateur, l'explication est terriblement plate (essentiellement, on reprend les scènes clés en montrant le visage des protagonistes...) et le tout n'est pas d'une cohérente absolue. Mais bon, finalement, on a déjà vu nettement pire de ce point de vue là, et la tentative d'originalité dans la construction est notable. On passera par contre gentiment sur les caricatures de personnages qui nous sont proposées (les juifs en particulier sont gratinés).

Le film mise de toute façon, asez clairement sur l'ambiance, mélange de violence et de décalage, voire de cool attitude, qui fait forcément penser à Tarantino, et qui n'est jamais facile à maitriser (d'ailleurs, vous n'êtes pas sans savoir que je considère que tarantino lui-même ne le maitrise pas vraiment :-) ). Eh bien ici, au moins pendant une demi-heure, ça tourne vraiment pas mal, l'absurdité de certains dialogues faisant écho à l'intrigue qui part dans tous les sens. Ensuite, ça se répète un peu, mais il y a tout de même un certain nombre de perles à repêcher dans les dialogues. On passerait finalement un fort bon moment si McGuigan n'avait pas voulu trop en faire. Ca a ses bons côtés (quand même, Morgan Freeman et Ben Kingsley en chef de gang, c'est pas rien !), mais aussi ses mauvais, niveau réalisation notamment, les divers effets tentés lors des flashs-back agaçant plus qu'autre chose.

On peut donc dire que oui, le ventre n'a pas tout à fait tenu le choc par rapport aux yeux, que le film était peut-être un poil ambitieux. Finalement, il aurait mieux fait de ne jamais prétendre être plus qu'un petit polar sympa car dans cette catégorie, il se défend tout à faut honnêtement.

Roupoil, 10 juillet 2006.



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