Sin City,

film de Robert Rodriguez et Franck Miller (2005)



Avis général : 7/10
:-) L'aspect visuel vraiment torchesque. Un casting ahurissant.
:-( Le scénario finalement pas hyper accrocheur.

Ça faisait un petit que j'avais laissé mes innombrables fans sur leur faim, puisque ma denrière critique doit dater d'il y a quelques semaines. Ne vous inquiétez pas, le retard sera amplement rattrapé d'ici deux ou trois jours. Au menu aujourd'hui, une question existentielle : BD et cinéma font-ils bon ménage ? Je n'ai pas vraiment souvenir d'adaptations de BD au cinéma ayant marqué durablement les cinéphiles, mais il faut bien avouer que la bande annonce de cette dernière tentative était assez alléchante...

Quelques vies se croisent dans Sin City, mégapole imaginée par Franck Miller dans une BD d'une noirceur invraisemblable. Que les fans se rassurent, la version ciné n'a rien perdu en glauquitude : meurtres par dizaines, laplupart du temps atroces, viols, cannibalisme, tout y passe. On ne croise presque que des repris de justice et des putes, de toute façon, les autres ne valent guère mieux.

Je dois bien avouer que la toute première scène m'a fait un peu peur. Certes, l'image est superbe (en noir et blanc agrémenté de subtiles tâches de couleur, très fidèle au style de la BD), mais la sévère voix off et la minutie de la mise en scène laissaient présager un film un peu pesant. Et puis, en une rapide explosion de violence, le film prend aux tripes, et on se plonge dedans avec délice.

Tout le reste est finalement à l'image de ce début. Des défauts assez criants, et pourtant on se fait plaisir. Le problème majeur du film découle directement de son origine : c'est un problème de rythme. Trois histoires qui se chevauchent ainsi sans vraiment se croiser, avec un peu trop de morts qui ressuscitent et una ction à la fois trop présente et trop hachée pour être vraiment crédible, ça passe très bien en BD, beaucoup moins au ciné. On suit cette succession d'invraisemblances sans trop y croire, mais l'étalage d'horreurs (incroyable que le film ait réussi à passer au travers de l'interdiction aux moins de 16 ans, au passage : ça a beau être stylisé, c'est franchement gore) suffira à intéresser les spectateurs les plus sadiques, dont je fais partie. De plus, l'absence totale de personnalité des principaux protagonistes est compensé par la pléïade de stars convoquée par Rodriguez (il a des amis à Hollywood, cet homme...) qui, à défaut d'épaisseur psychologique, leur transmettent un peu de leur charisme.

Et puis surtout, et c'est bien là l'intérêt du film, l'atmosphère visuelle est vraiment extraordinaire. Le graphisme sombre de la BD semble miraculeusement avoir été intégré, en mouvement qui plus est, au grand écran. Rien que pour ça, Sin City restera un des films marquants de cette année. Une suite est déjà prévue, espérons que le fond sera un peu plus intéressant que dans ce premier opus (on ne se sontentera pas deux fois de la forme !), mais celui-ci constitue déjà une bonne base pour la comparaison.

Roupoil, 26 juin 2005.



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