Shutter island,

film de Martin Scorsese (2010)



Avis général : 6/10
:-) Un scénario plutôt bien foutu, servi par un bon Di Caprio et une réalisation efficace.
:-( Ca manque tout de même de folie tout ça.

Tiens, le retour de papy Scorsese. Et c'est même pas pour un film de gangsters ! Bon, je dis ça, ça fait un petit moment qu'il ne nous en a pas vraiment pondu un, mais il parait que ça va revenir (et qu'il va même ressortir De Niro du placard pour l'occasion). En attendant, c'est avec son acteur fétiche du moment, Leonardi Di Caprio (quatrième film ensemble, tout de même), qu'il adapte un best-sellet. Et moi, qui prétend toujours ne pas aimer outre mesure le cinéma de Scorsese, de suivre fidèlement son parcours depuis quelques années maintenant.

Ted Daniels, marshall de son état, est envoyé sur l'île de Shutter Island enquêter avec un collègue qu'il ne connait pas sur la disparition d'une patiente. Patiente ? Eh oui, l'île est un pénitencier spécialisé dans l'internement de criminels atteints de troubles psychologiques graves. Le tout sous la houlette du docteur Cawley, qui est à la pointe du progrès en ce qui concerne les traitements psychiatriques. Ah oui, j'oubliais presque de le préciser, tout ceci se passe peu après la fin de la seconde guerre mondiale, et le marshall Daniels est d'ailleurs encore fortement marqué par son passage par le camp de Dachau (en tant que libérateur, hein, pas à l'intérieur).

Assez rapidement, on comprend qu'il y a bien des choses qui ne tournent pas rond sur Shutter Island, et que la disparition de la patiente est fort louche. Tout comme le sont les psychiatres et autres militaires gérant l'île. Mais le marshall Daniels lui-même n'est pas tout à fait dans son assiette, assailli de rêves étranges. Sans compter qu'il fait un temps de chien qui laisse présager une véritable tempête. Film d'atmosphère donc, mais surtout labyrinthe scénaristique qui aligne soigneusement les mystères, éléments plus ou moins alambiqués et autres fausses pistes avant le twist final évidemment censé surprendre le spectateur par son évidence a posteriori et sa capacité à expliquer tout le reste avec luminosité. Bah en fait, même si ça commence à être un procédé usé, pourquoi pas, dans la mesure où tout ça est plutôt bien construit, et l'explication finale donne de fait assez envie de se repasser le film dans sa tête pour vérifier que les morceaux collent bien. Naturellement, on n'échappe pas à un certain lot d'invraisemblances et de coïncidences curieuses, mais dans l'ensemble ça se suit bien.

En fait, "ça se suit bien" pourrait faire office d'appréciation globale sur le film. C'est bien foutu, bien joué, notamment pour le rôle titre et celui du psy (Mark Ruffalo en partenaire de Di Caprio est beaucoup plus effacé) et mis en scène avec application ; on regarde ça sans broncher. Tout de même, il manque un petit quelques chose pour que ce soit vraiment emballant, et ce petit quelque chose, on était peut-être en droit de l'attendre d'un vieux de la vieille comme Scorsese. On a la vague impression ici qu'il a fait son boulot en pro, en soignant bien sa copie comme s'il était un débutant à Hollywood. Un peu plus de folie (c'était vraiment le moment vu le thème du film) dans les scènes d'action, de bizarrerie pour les scènes oniriques auraient vraiment pu donner un autre cachet au film. Tel quel, il est plus souvent gentiment intriguant que réellement troublant et fascinant.

Roupoil, 6 mars 2010.



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