La fin de semaine approche, encore deux cartouches à
tirer, pardon deux places de ciné à épuiser. On ne va pas faire dans la
dentelle, allons donc voir les dernières grotesquitudes ricaines, au moins
ça fera des vacances au neurone. Dans le genre, ce shoot'em up, qui
reprend son titre d'un genre de jeu video bien connu pour sa finesse et sa
subtilité, a l'air de faire assez fort.
De fait, la scène d'ouverture donne le ton du film. Clive Owen, alias Mr
Smith, grignote tranquillement une carotte sur un banc quand une femme
enceinte passe devant lui en courant (enfin, autant qu'elle peut), suivie
de près par un vilain décidé à lui faire la peau. Notre ami va regarder de
plus près de quoi il en retourne, et trente méchants morts et un
accouchement douloureux plus tard, se retrouve avec un môme sur les bras
et un paquets de tueurs aux trousses. Il finit par se faire épauler par
une pute italienne, tout en continuant à dézinguer tout ce qui bouge. La
piste des vilains va les mener très haut.
Eh oui, il y a tout de même un scénario dans ce film. Enfin, façon de
parler, parce que ça ne vole pas bien haut, et d'ailleurs on en vient même
à se demander si c'est une bonne idée d'avoir essayé de justifier un tant
soi peu le carnage. Notamment, tenter de faire retrouver au gros pas beau
(Giamatti a l'air de bien s'amuser dans le rôle) les origines du
mystérieux Mr Smith et surtout de son habileté redoutable un flingue à la
main n'est pas des plus heureux. Ce type aurait du rester un bloc
impénétrable du début à la fin, un rôle monolithique qui convient
d'ailleurs assez bien à Clive Owen, dont je n'ai pas toujours été fan. Là,
avec son trench coat façon Matrix et ses carottes à la bouche, il est
plutôt amusant.
Matrix n'est pas le seul classique gentiment pillé par ce film qui cherche
à accomoder à la sauce culte un peu tout ce qui lui passe par la main.
Mais, énorme avantage par rapport à d'autres (mais non, je ne pense pas à
un certain Quentin T., qu'est-ce qui peut bien vous faire croire ça ?),
ici on ne se prend pas du tout au sérieux. C'est douzième degré tout le
temps, avec fusillades aux confins de l'invraisemblance mais marrantes
dans l'ensemble. Bien sûr, le risque de lassitude étant assez grand, il a
fallu combler, assez mal (le personnage de Bellucci, qui parle italien la
moitié du temsp, est assez ridicule), mais les quelques morceaux de metal
disséminés ça et là redonnent la pêche aux moments où on est en train de
commencer à s'ennuyer. Tout faire péter sur fond de Ace of
Spades, c'est un concept très primaire, mais qui a le mérite de
l'efficacité.
Si vous chercher un vrai film, ce Shoot'em up risque de ne pas
vraiment combler vos attentes, mais en tant que défouloir débile, il tient
à peu près la route. Vite oublié tout de même, tout ça.
Roupoil, 29 septembre 2007.