Comme tous les ans àl'automne, le dernier Woody débarque
sur les écrans, et comme tous les ans, même lorsque le cru précédent n'a
pas été convaincant, on va le voir. ici, ce n'était absolument pas le cas,
et la question était plutôt de savoir comment le new-yorkais binoclard
allait continuer après le tournant Match Point. Au moins une
bonne nouvelle : Scarlett Johansson est encore de la partie.
Cette fois-ci, elle joue une petite étudiante en journalisme (avec
lunettes et appareil dentaire !) qui se retrouve de façon assez
invraisemblable sur le scoop du siècle : lors d'un spectacle donné par
l'inénarrable magicien Splendini (Woody himself), elle se retrouve
nez-à-nez avec Joe Strumble, grand reporter fraichement décédé mais qui a
fait ses petits arrangements avec la mort pour lui filer le tuyau suivant
: le fameux serial killer au jeu de tarot serait Peter Lyman, membre
éminent de la jet-set londonienne. Sondra s'introduit dans la vie du
ballâtre avec l'aide de Splendini et mène son enquête.
Vous l'aurez compris, Woody est revenu pour ce nouvel opus à son fonds de
commerce habituel : la comédie finement dialoguée mais vaguement
je-m'en-foutiste. Et pourtant, sur le fonds, on n'est pas si éloigné que
ça de Match Point. Les similitudes sont mêmes frappantes : même
cadre (les riches londoniens), intrigue policière sordide, arrivisme et
faux-semblants sont présents ici aussi, mais tout est traité à la légère
(même la musique est passée en un an de l'air d'opéra sérieux à la
musique de ballet de Tchaikovski !), un peu comme si Woody lui-même
voulait nous dire "Bon, ok, j'ai fait un film sérieux la dernière fois,
mais au fond, mon film sur le sujet, celui que vous attendiez, c'est
celui-ci".
Je suis certain que Woody ne m'en voudra pas de ne pas être tout à fait
d'accord sur ce dernier point, à savoir qu'il est fait pour la comédie. Si
son dernier film est moins bon que le précédent, c'est tout simplement
parce que le scénario en est beaucoup moins solide. C'est relativement
convenu, et de toute façon trop inconsistant pour être vraiment
passionnant (non mais franchement, pour ne citer qu'un détail, pourquoi
diable la clé aurait-elle été planquée sous le cor ?).
Une fois ces réserves émises, on peut tout de même le dire : on passe
quand même un fort bon moment devant ce film ! Car Woody n'a pas perdu
son sens de l'humour si particulier (même si j'ai trouvé le film un peu
inégal de ce point de vue, il met un tout petit peu de temps à se mettre
en route) et ses réparties aussi hilarantes qu'inattendues, et surtout
parce que le casting assure terriblement : Woody lui-même, même à la
trentième fois, est toujours aussi bon dans son numéro habituel, et
Scarlett Johansson le seconde parfaitement. Une seule question : mais où
ont-ils été lui dénicher cet atroce short à rayures ?
Roupoil, 2 novembre 2006.