Il faut sauver le soldat Ryan,

film de Steven Spielberg (1998)



Avis général : 5/10
:-) Des scènes d'action extrêmement bien foutues. Tom Hanks est pas mal.
:-( Trop long. Et on se demande un peu où tout ça veut en venir. Les personnages manquent de profondeur.

Il manque encore quelques classiques du bon vieux Steven dans la liste de mes critiques, en voilà un de plus qui ne sera plus à faire. Faut dire, on cherchait un film sympa et pas prise de tête pour passer la soirée, donc une bonne boucherie avait l'air assez adaptée. Et je dois avouer que j'avais un souvenir relativement confus de ma précédente vision du film, qui devait bien dater de quelques années, qui plus est sur la petite télé de mes parents, pas vraiment le plus adapté...

Le film commence (enfin, après trois minutes dans un cimetière pour introduire un long flash-back) par une scène devenue fameuse retraçant le débarquement sur une plage normande, qui s'apparente pas mal à un tir aux pigeons géant sur les pauvres ricains coincés dans leur bateau. Une fois quelques soldats rescapés, le capitaine Miller est envoyé avec quelques hommes récupérer un soldat anonyme pour le ramener à la maison. Son mérite ? Ses trois frangins se sont fait tuer coup sur coup et l'Etat-Major ne veut pas accabler leur mère.

Comme la tradition le veut concernant les films sur la seconde guerre mondiale, les critiques se sont étripés sur des questions de principe au lieu de regarder le film. Le scénario est-il crédible ? On s'en fout, la question est de savoir s'il est bon... Y avait-il des noirs dans l'armée à l'époque ? Eh, Hollywood nous en met assez sans raison dans les trois quarts de ses films à cause de ses quotas à la con pour qu'on aille pas faire des histoires à ce sujet. On ne voit que des américains se ballader en Normandie ? Est-ce vraiment un gros problème ? Spielberg a manifestement voulu montrer la guerre du point de vue limité de sa petite troupe de soldats, ce qui explique aussi qu'on ne voie les allemands que de loin, de dos, et en train de tirer sur tout ce qui bouge. Il ne s'agit pas de les faire passer pour des salauds, mais ils ne sont simplement pas le sujet du film.

Dans ces conditions, me dira-t-on, pourquoi mettre à la fin la scène où Upham se décide enfin à utiliser son flingue ? De fait, on se le demande. Ou plutôt non, on est un peu navrés mais pas vraiment surpris que Spielberg ait cédé à certains mauvais réflexes du cinéma américain et ait plombé son film avec ses gros sabots. Quelques passages seraient vraiment à supprimer pour que le film gagne en subtilité (la scène où Matt Damon raconte une anecdote, notamment, est juste pitoyable). Spielberg aurait certainement mieux fait de creuser un peu plus la psychologie des personnages, qu'on a bien du mal à cerner (il n'y a que Tom Hanks qui donne un peu d'épaisseur au sien), et surtout de se décider à prendre un peu parti. Nos soldats se posent des questions, certes, mais ne semblent pas avoir envie d'y apporter eux-même d'éléments de réponse... Inévitablement, ce manque de réflexion global dans un film qui dure 2H40 finit par faire paraitre le temps long.

Pour le reste, on ne peut le cacher, Spielberg est un des grands réalisateurs actuels, et ça se voit encore une fois. Les scènes de bataille sont un modèle de tension et de confusion maitrisée : c'est le bordel mais on suit tout de même ce qui se passe sans problème. Celle du débarquement notamment laisse une forte impression, avec sa caméra tremblante et sa violence continue. Mais on ressent d'autant plus cruellement le manque d'intérêt de la suite du film... C'est beau (enfin, façon de parler), c'est très bien fait, mais on reste quand même un peu perplexe sur les motivations de Spielberg. Bien loin de La Liste de Schindler, tout ça.

Roupoil, 3 décembre 2006.



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