Ce n'est pas la première fois que j'ai l'occasion
de me retrouver avec la possibilié d'aller voir (sur grand écran qui plus
est) un film de Fellini, mais c'est la première fois que je transforme
l'essai. J'avais eu droit à de nombreuses mises en garde concernant
d'autres films du même auteur, et comme par ailleurs Fellini reste un
chouchou de la critique, je m'attendais à quelque chose d'original mais
intéressant. Eh bien, je n'ai pas été déçu ... du moins pour le premier
point !
Comme doivent maitenant le savoir les habitués de mes critiques ciné, le
deuxième paragraphe est habituellement réservé à un rapide synopsis, mais
je crains d'être obligé de faire une petite exception cette fois-ci, pour
la bonne raison que le film est assez difficile à résumer. S'appuyant sur
l'oeuvre de Pétrone que je n'ai jamais lue, il narre les pérégrinations
d'un jeune homme dans un empire romain en pleine décadence, alternant des
scènes au côté grotesque assez constant, mais sans lien évident entre
elles.
Ls mauvaises langues prétendront que j'aurais peut-être mieux suivi le
film si je m'étais pas endormi au bout d'une demi-heure, avant de quitter
la salle une vingtaine de minutes plus tard, peu après mon réveil. Certes,
mais il est des fois où l'indigence du spectacle proposé conduit à de
regrettables extrémités... Je veux bien admettre ne pas être entré dans le
trip (car c'est bien de cela qu'il s'agit) de Fellini, mais j'aimerais
quand même que les amateurs m'expliquent ce qu'il y a de remarquable dans
ce cinéma. Admettons l'esthétique anti-réaliste (que, personnellement,
j'ai un peu de mal à avaler) et admirons la galerie de personnages, qui
donnent une image amusante de la Rome décadente. Et après ? Le parti-pris
de mise en scène rend la plupart des scènes à la limite de l'absurde,
voire de l'abscons (la mort de César, par exemple, qui est tombé entre
deux de mes phases de sommeil, et qui ne ressemble à rien), et elles sont
enchaînées sans qu'on n'ait la moindre idée d'où tout cela va nous mener.
Je suis désolé, mais pour moi, une accumulation de délires d'artiste
incompréhensibles n'a jamais fait une oeuvre d'art, et ce
Satyricon en est un fort bon (ou plutôt fort mauvais) exemple.
J'ai eu un peu la même impression que devant une toile d'un artiste
contemporain, disons Rothko, face à laquelle je ne fais que me demander
"Mais qu'y a-t-il donc là-dedans qui est censé élever l'oeuvre au-delà de
la nullité absolue ?". Pour Fellini (et pour Rothko aussi, je vous
rassure tout de suite), je cherche encore une réponse satisfaisante.
Roupoil, 1 mars 2005.