Un beau jour de 1975, les Monty Python se sont mis à
faire du cinéma. Allaient-ils réussir à retrouver sur la durée le génie
de leurs sketchs du Flying Circus ? Tous les fans étaient
inquiets (ou pas), les allergiques à l'humour résolument décalé des
anglais ne se sentant pas concernés.
Le thème choisi semble en tout cas prometteur : la légende arthurienne, et
plus précisément la recherche du Graal. Le film ressemble d'ailleurs par
moments à une parodie anticipée de l'Excalibur de Boorman (quie
prête fort bien à la caricature, d'ailleurs), sorti quelques années après.
Le roi Arthur, donc, accompagné de son fidèle serviteur mais sans cheval
(!), cherche des chevaliers prêts à se joindre à lui. Naviguant d'une
rencontre improbable à l'autre, il finit par réunir une joyeuse troupe à
laquelle Dieu lui-même ordonne d'aller rechercher le Saint Graal. Mais la
route est longue et parsemée d'embûches et d'épreuves à surmonter.
Si vous vous attendiez à quelque chose de raisonnable, vous risquez fort
d'être déçus. Ici, c'est le n'importe quoi qui prime, orchestré de main de
maître par les Monty Python, qui font tout dans ce film (jouant notamment
à eux six à peu près tous les rôles). Les français font voler les vaches,
les lapins sont des créatures féroces, les paysans sont
anarchos-syndicalistes, et j'en passe bien d'autres. Le principal défaut
du film vient de cette relative confusion dans la construction. Même si
c'est volontaire, on ne dépasse jamais vraiment le stade de la succession
de sketchs, certes reliés entre eux par un vague prétexte scénaristique.
Conséquence inévitable, certains passages hilarants alternent avec
d'autres qu'on est très tenté de zapper à la douzième vision.
Une fois ces récriminations d'usage faites, constatons avec bonheur que
nos comiques anglais préférés ont casé dans leur film un nombre assez
ahurissant de scènes cultes. Le générique, le passage du pont ou les
chevaliers qui font Ni font désormais partie des incontournables de la
légende montypythonesque, et la liste des répliques mémorables serait trop
longueà donner ici. Sans compter les passages carrément délirants, comme
le monstre dessiné stoppé net par la crise cardiaque de l'animateur, ou la
fin complètement fumée, qui prouvent s'il en était besoin la formidable
inventivité des Monty Python.
De toute façon, il n'y a pas de secret : si vous aimez le genre, vous
pardonnerez généreusement les quelques faiblesses, et sinon rien ne vous
convaincra que le film mérite d'être vu. Tout de même, en ce qui me
concerne, et même si je revois celui-ci avec plaisir, je considère La
Vie de Brian plus réussi car mieux construit. Si vous n'en voyez
qu'un, donc...
Roupoil, 2 avril 2006.