Des fois, à l'occasion de la Fête du Cinéma, on se
retrouve à aller regarder un peu n'importe quoi. Non, vraiment, je vous
jure. Même du cinéma d'auteur français, c'est dire ! Bon, plus
sérieusement, j'avais quand même entendu dire du bien de ce film (et pas
seulement par les critiques, qui semblent s'être donné le mot pour
s'extasier avant même d'en avoir vu une image), et puis ça m'aura donné
l'occasion de croiser dans la salle un camarade normalien, curieux lui
aussi de voir à quoi ressemble la fine fleur du cinéma cérébral en ce
début de vingt-et-unième siècle.
Au moins, s'il y a bien quelque chose chose à mettre au crédit de
Desplechin, c'est de mettre en garde dès le début. Une citation très
littéraire en exergue, les fans de Star Wars ont le temps de
s'enfuir avant même d'avoir aperçu un acteur. Des acteurs, il y a en a par
ailleurs assez peu. Deux histoires sont pourtant racontées (qui se
croisent, forcément), celle de Nora qui va assister son père mourant à la
veille de son deuxième mariage et demi, et celle d'Ismaël, musicien
vaguement fêlé interné en hôpital psychiatre sur les conseils d'un tiers,
et demi-mari de Nora (ils n'ont jamais été mariés, mais c'est lui qui a
élevé son enfant du premier mariage). On va les suivre pendant quelques
jours, plus quelques flash-backs et apparitions d'outre-tombe, à la
découverte d'eux-mêmes.
Vous l'aurez compris, c'est un film intello parfaitement revendiqué. Sur
le fond mais aussi dans la forme : citations recherchées un peu partour,
choix musicaux pour le moins éclectiques, et jeu distancié des acteurs
donnent une curieuse impression d'avoir débarqué dans un endroit qui, bien
qu'il ressemble à un cinéma, n'en est pas vraiment un. Je dois du coup
avouer mon principal problème face à ce film : je n'aime pas ces procédés,
je trouve que ça rend le film anti-naturel au possible (ce qui n'est pas
forcément arrangé par un scénario qui, s'il est tout à fait crédible au
début, se perd ensuite dans des méandres qui m'ont personnellement fait
lâcher prise), voire même prétentieux. A-t-on besoin de tout ça pour
filmer ce qui n'est que la vie oprdinaire de gens ordinaires (à peu de
choses près) ?
Du coup, forcément, difficile d'accrocher. Les acteurs ne sont pas mauvais
une fois admis leur façon de jouer (et Amalric réussit même à être
carrément bon, ce qui n'est pas évident dans ces conditions), le scénario
est ce qu'il est mais se permet d'ébaucher des portaits intéressants, et
la réalisation est indiscutablement inspirée. Mais ça ne m'a pas empêché
d'essentiellement m'ennuyer pendant les deux heures et demie que dure le
film.
Je ne veux pas jeter la pierre à un film qui peut à mon avis satisfaire
pleinement ceux qui rentreront dans l'esprit un peu particulier de la
chose. Mais il e semble tout de même indispensable de prévenir que ça ne
d'adresse pas à tout le monde. En tout cas, pas à moi...
Roupoil, 6 juillet 2005.