De retour de vacances, quoi de mieux pour se reposer
(ben oui, les vacances sont faites pour se fatiguer, c'est bien connu)
qu'un vieux classique du film familial ? Ca tombe d'autant mieux que je ne
l'avais jamais vu mais que le principe m'en semblait tout de même fort
sympathique. Bon, et puis avec les quelques noms prestigieux à la
production, on pouvait s'attendre à du solide.
Roger Rabbit, donc, a des soucis. Obsédé par sa femme Jessica (on le
comprend), il n'a plus la tête à son boulot et foire lamentablement ses
cascades. Ben oui, quand on est un toon, il faut quand même assurer le
spectacle pour les cartoons. Pour le remettre au boulot, le big boss
charge Eddie Valiant, ancien grand détective qui a sombré dans
l'alcoolisme depuis la mort de son frère, de prendre des photos
compromettantes de Jessica. Les conséquences en seront inattendues, car
c'est bientôt de meurtre qu'il va s'agir.
Eh oui, il s'agit bel et bien d'un petit polar ayant pour cadre un drôle
de monde où les êtres humains cohabitent (enfin, plus ou moins) avec plein
de créatures bondissantes tout droit sorties de vieux dessins animés.
Outre la performance technique (certainement impressionnante à l'époque ;
aujourd'hui, on se bornera à constater que ça tient bien la route),
c'était la porte ouverte à bien du délire en perpective, la présence des
"acteurs" virtuels permettant de faire à peu près n'importe quoi. Je dois
hélas avouer que, personnellement, j'ai été bien déçu.
Déjà, une fois passées les sympathiques premières minutes qui sont du pur
cartoon, l'introduction des toons dans un décor (presque) réaliste fait un
effet un peu bizarre. Mais bon, ça on finit par s'y faire. Ce qui gêne
plus, c'est le fond. Les auteurs se sont contentés de faire un petit film
très axé vers le public Disney habituel (les gamins quoi) en exploitant
finalement très peu, ou du moins très mal, les toons. On a juste droit à
une intrigue de polar classique et bien faiblarde, avec des personnages
très caricaturaux (ok, Christopher Lloyd s'amuse bien dans son rôle, mais
son perso n'a aucune épaisseur et son lien avec Valiant franchement
poussif) et des toons qui se contentent de faire d'assez médiocres gags de
toons.
En fait, c'est bien simple, on ne rit presque jamais, et du coup on a
tendance à s'ennuyer assez ferme. Ce n'était peut-être pas la mode à
l'époque, mais un peu de second degré et de scènes à plusieurs niveaux de
réflexion n'auraient pas été du luxe (bon, ok, on a droit à deux ou trois
allusions presque coquines pour faire plaisir aux vieux spectateurs, mais
ça ne va pas loin). Ainsi, l'excellent personnage de Jessica, par exemple,
est totalement inexploité après sa première scène (sans compter que ses
agissement sont totalement aléatoires...). En fait, le film semble se
concentrer sur l'explication de son intrigue, qui en est le point le plus
faible, et c'est bien dommage. Que dire par exemple du pitoyable dialogue
vers la fin sur les histoires de construction d'autoroute ? Si c'est censé
être comique, je dois vraiment être devenu un vieux con grincheux.
Bref, bien que le film soit techniquement intéressant (ce qui le sauve
d'ailleurs un peu, car ça a au moins le mérite de ne pas manquer de
rythme), le fond pêche trop pour que j'aie pu l'apprécier. Je laisserai
ceux qui le considèrent comme culte depuis qu'ils l'ont vu dans leur
enfance continuer à se marrer devant, sans bien comprendre pourquoi...
Roupoil, 4 aout 2008.