Rien de tel qu'un bon film d'action des années 80 pour
une soirée entre potes, n'est-ce pas ? L'avis général sur ce
Robocop est d'ailleurs assez amusant : bien sûr, tout le monde
connait, tout le monde prétend d'emblée que c'est une bouse qui ne mérite
d'être revue aujourd'hui qu'au douzième degré, mais personne ne l'a vu...
Et avec Verhoeven aux commandes, il ne faut jamais préjuger de ce qu'on va
voir.
Le scénario est typique de ce qui se faisait à l'époque : un policier mort
est « récupéré » pour être transformé en cyborg justicier par OCP,
l'organisation qui dirige la bonne ville de Detroit. Il serait temps,
d'ailleurs, car de drôles de gens traînent dans les rues de la ville, en
particulier le gros vilain qui a tué Murphy/Robocop, mais qui a des
soutiens haut placés.
Bon, tout ça ne vaut pas tripette, soyons réalistes, ce n'est pas au
niveau de l'histoire qu'il faut aller chercher un intérêt à ce film. Les
méchants sont ultra-caricaturaux, la description de la police et du milieu
des affaires très datée, et la greffe de sentimentalisme et de réflexion
sur l'identité via la quête de mémoire de Murphy passent moyennement.
De toute façon, c'est un film d'action, le but n'est pas de faire
réfléchir le spectateur :-). L'action, justement parlons-en. certes rien
de très original (surtout trois ans après Terminator), mais ce qui fait
plaisir, c'est que Verhoeven ne recule devant rien, et surtout pas devant
une violence totale. Les deux exécutions au début du film (le bug du
robot et celle de Murphy) en particulier marquent les esprits. La suite du
film sera plus conventionnelle mais un ou deux moments gores rassurent
quand au souci de s'éloigner du conventionnel.
À ce propos, et c'est bien là le principal intérêt du film, Verhoeven ne
fait rien comme les autres. Plutôt que de se contenter d'un film d'action
efficace, il rajoute des couches d'une ironie qui atteitn parfois de tels
sommets qu'on se demande à quel degré prendre certaines scènes. Le cassage
de gueule du robot dans l'escalier est tordant, et les pubs et autres
scènes de journaux télévisés, mais si elles sont très courtes, donnent
beaucoup de mordant à l'ensemble.
Résultat, au lieu d'un film vieilli et creux, on obtient une curiosité qui
impressionne par le nombre d'approches possibles et qui reste très
sympathique et intéressant à regarder près de vingt ans après.
Roupoil, 3 novembre 2004.