Il y a un an, je me lançais le drôle de pari d'aller
voir au cinéma tous les films de la sélection cannoise. Le temps a
passé, le pari pas exactement respecté (plus de détails à ce sujet dans
mon autre critique du jour), et le cinéma est de retour sur la
Croisette. Comme le veut la tradition, le film d'ouverture est un
blockbuster hollywoodien uniquement prétexte à un défilé de stars, mais
quand c'est ce bon vieux Ridley Scott (qui n'a certes pas fait que des
chefs-d'oeuvre) qui s'y colle, ça peut mériter notre attention.
En ces temps de remakes, reboots et autres resucées de tout genre qui
sortent à la pelle des studios hollywoodiens, rien de très surprenant
que le personnage de Robin des bois ne refase surface. La dernière
tentative, avec Kevin Costner dans le rôle-titre, était assez originale
et plutôt distrayante sans être mémorable, le but ici affiché est de
revenir aux sources historiques de la légende et d'expliquer comment
Robin est devenu le héros aux collants verts que tout le monde connait.
Tant que ça ne donne pas un film aussi mauvais que le Roi
Arthur de Fuqua il y a quelques années, je dis pourquoi pas...
Le film, donc, débute en France, où Richard Coeur de Lion tente de
rejoindre son pays après une longue croisade qui a ruiné son pays et ne
lui a finalement pas apporté grand chose. Les affaires ne s'arrangent
pas vraiment quand il meurt aux portes de l'Angleterre, laissant son
cadet Jean Accéder au trône et opresser assez violemment un pays déjà
pas très en forme, alors même que les vilains français semblent prêts à
lancer une petite invasion de derrière les fagots. Le rôle de Robin dans
tout ça ? Simple archer dans l'armée de Richard, il se retrouve un peu
par hasard amené à remettre la couronne du roi défunt à Londres, puis à
prendre la tête de la révolte à Nottingham en se faisant passer pour
Robert Loxley, noble dont il a recueilli les dernières volontés et époux
de la belle lady Marianne.
Toute la première partie, jusqu'au couronnement de Jean, est
effectivement assez surprenante, et fort réussie : l'atmosphère de
désenchantement au retour des croisades est bien rendue, les scènes
d'action efficaces, et l'agencement de l'intrigue convaincant. On se dit
que le renouvellement de mythe est en train de passer comme une lettre à
la poste. Et puis, une fois retournés en Angleterre, sur les lieux de la
légende et avec les personnages bien connus de tous, ça se gâte un peu.
On a trop souvent l'impression que le scénario force pour recoller ce
qui ne se présentait que comme un film d'aventures historiques sans
références avec le personnage de Robin des bois, au prix de quelques
avancées de scénario un peu poussives et de clichés faciles (la relation
entre Robin et Marianne, mouais...).
Pire, ce qui était une reconstitution historique soignée (bon, pour être
honnête, je ne sais pas à quoi ressemblait le Londres de l'époque, mais
ça passe bien à l'écran) en gentille balade bucolique dans la
pittoresque campagne anglaise. Scott en remet bien une couche avec la
bataille finale pour nous laisser sur une bonne impression (quitte à ce
que le comportement global du prince Jean paraisse assez peu cohérent),
mais le film est tout de même un peu longuet par moments.
Pas de quoi crier à la bouse toutefois, l'ensemble reste de bonne
facture (le savoir-faire hollywoodien a tout de même du bon) et servi
par un assez bon casting (anglophone du moins, car comme souvent dans ce
genre de cas, les français paraissent vaguement à côté de la plaque).
En fait, je pourrais en dire plus ou moins la même chose que pour le
précédent Robin : un assez bon divertissement, mais qui sera sûrement
vite oublié.
Roupoil, 24 mai 2010.