Les aventures de Robin des bois,

film de Michael Curtiz (1938)



Avis général : 6.5/10
:-) Flamboyant, bondissant, verdoyant, comment ne pas aimer Robin ? Sinon, spectaculaire et rythmé.
:-( Une curieuse impression de manque de sérieux. Un peu kitsch tout de même.

Suite de ma critique duale commencée avec Ivanhoe, faisons désormais un bond d'une quinzaine d'années en arrière pour nous retrouver à la grande époque des débuts du Technicolor, devant un autre classique qui fut en son temps une sorte de Totanic : budget énorme (2 millions de dollars, tout ça !), film très attendu et finalement très gros succès qui en fait auprès de beaucoup de cinéphiles LA version ciné de référence de la légende de Robin de Locksley.

L'intrigue, vous la connaissez presque si vous avez lu ma précédente critique : le père Richard s'est fait emprisonner en Autriche comme un boulet lors d'une croisade, et le grand méchant Jean en profite pour lui piquer son trône. Mais point d'Ivanhoe ici, c'est le noble déchu Robin qui va organiser la rébellion dans la forêt de Sherwood et s'arranger pour récupérer la rançon permettant de libérer Richard. Naturellement, il aura au passage le droit de conquérir sa belle, la pupille royale Lady Marian.

Bref, de loin, tout ça ressemble beaucoup beaucoup à Ivanhoe. De près, ça y ressemble pas mal aussi, du moins techniquement. Les couleurs sont tout aussi flamboyantes, les scènes de combat très bien menées également, les décors et costumes sont ce qu'on attend de ce genre de film, même si on pourrait presque reprocher un léger excès de zèle aux costumiers de Robin des bois parce que les collants verts flashy bien propres dans la forêt, on finirait presque par en faire une overdose. Le rythme est assez proche également, même si, années 30 oblige peut-être, c'est un peu plus morcelé ici, et par ailleurs les acteurs ont une furieuse manie de débiter leur texte à une vitesse quasi-supersonique qui les rend parfois un peu drs à suivre. Niveau musique, c'est un spécialiste du genre, Korngold (compositeur classique à l'origine !) qui s'y est collé et il connait indiscutablement son métier.

Il semblerait donc bien qu'on puisse dire que la guerre n'a finalement pas changé grand chose au savoir faire Hollywoodien, et que les deux films ne sont finalement que deux versions légèrement différentes de la même histoire. Et pourtant non, ils ne font pas le même effet. La faute à un ton curieusement détâché dans ce Robin, où on semble ne pas tellement prendre au sérieux la grande Histoire qui sert de toile de fond. les personnages secondaires sont de gentilles caricatures (la nounou de Marian !!), ça baffre et ça rigole beaucoup, même dans les moments les plus dramatiques, bref on a l'impression qu'on est surtout là pour s'amuser, ce qui surprend un brin dans le contexte (pourtant clairement évoqué) de famine et autres persécutions.

En fait, en exagérant à peine, on a l'impression de voir la version Disney (postérieure à ca film de 35 ans) où on aurait juste remplacé les animaux par des acteurs en chair et en os (qui a dit "C'est toujours ça de pris" ?). Pas surprenant du tout d'ailleurs queDisney se soit emparé du sujet, tant le film a déjà une atmosphère, disons très familiale. Ce n'est pas forcément un défaut en soi, mais ça me laisse tout de même personnellement une impression un peu curieuse, qui me fait lui préférer un film moins fantaisiste mais plus solide à mon sens comme Ivanhoe. je sais que ce n'est pas forcément l'avis de la majorité, mais il en faut pour tous les goûts, n'est-ce pas ?

Roupoil, 5 novembre 2008.



Retour à ma page cinema