Avant de rejoindre le camp des apprentis sorciers qui
tentent de nous faire croire que le cinéma de demain sera tout numérique
et qu'on aura à peine besoin d'acteurs, Robert Zemeckis a eu droit à
quelques miettes de succès dans l'ombre de son poste Spielberg, grâce au
multi-oscarisé Forrest Gump et àa sa trilogie Retour vers le
futur. Je peux avouer ? Je n'avais vu ce film. Mieux vaut tard que
jamais, comme on dit.
Marty McFly est un jeune homme assez ordinaire, avec une petite amie
craquante, une famille à vomir (père complètement mou, mère alcoolo) et un
talent pour la musique que le monde tarde à reconnaitre. Il a pourtant un
petit quelque chose de spécial : son pote le Doc Emmett Brown, sorte
d'archétype de savant fou qui vient justement de piquer du plutonium à des
terroristes lybiens pour achever son invention majeure : une machine à
voyager dans le temps !
Bon, le concept des voyages temporels n'est plus vraiment tout neuf depuis
H.G.Wells, mais n'a pas été tant exploité que ça au ciné, et puis après
tout le film date de 1985, un temps où la repompe généralisée n'était pas
encore de mise. Bref, un concept plutôt intéressant pour une comédie qui,
on s'en doute, ne s'embarasse pas trop de réflexions sur les paradoxes
induits par la chose, et c'est tant mieux.
Pendant un bon quart d'heure, le temps que nos héros se retrouvent dans le
passé, on a quand même un peu peur, tellement les personnages et
situations présentés sont archétypaux. Ca fait gentiment sourire, mais
c'est surtout bien lourd. Et puis on finit par admettre que le film culte
qu'on a sous les yeux est juste une gentille comédie familiale qui ne
s'embarasse pas de finesse et aligne à un rythme assez soutenu les
trouvailles plus ou moins bonnes. Parfois c'est franchement raté (les
tentatives désespérées de Marty de rendre son papa grand beau et fort ne
sont pas passionnantes), mais on est souvent emporté par l'enthousiasme
général, comme dans cette scène assez excellente où Marty fait découvrir
le rock à ses ancêtres.
Curieux comme il est finalement simple de faire un film à succès, car
cette comédie n'a sûrement pas grand chose en plus que des dizaines
d'autres du même genre. Mais quelques détails (un toutou rigolo, une
voiture qui pète la classe) suffisent peut-être à emporter le morceau.
C'est pas du grand art, mais on mentirait franchement en prétendant qu'on
a pas aimé.
Roupoil, 28 décembre 2007.