Définitivement pas grand chose de bon en ce moment au ciné
(ok, ok, je vais essayer d'arrêter de radoter), c'est donc, comme souvent, vers
l'animation que se tournaient mes espérances d'une découverte un peu
rafraichissante. En l'occurence vers ce drôle de Rango reformant le
duo Verbinski-Depp qui a engrangé les millions avec ses Pirates des
Caraïbes, et nous propose ici une sorte d'hommage au western dont le héros
est ... un lézard.
Rango, donc, c'est lui, se la joue star dans son bocal avec pour compagnons
un poisson en plastoque et un buste de poupée barbie. Le sort va bientôt le
propulser sur le bord d'une route en plein désert, puis dans un village peuplé
d'animaux où la plus précieuse des richesses est l'eau. Personne ne le connait
ici, mais il ne va pas tarder à se faire un nom, quitte à affabuler légèrement
sur son existence antérieure.
De loin, franchement, et sur la bande-annonce aussi, c'était hyper alléchant.
Décor western rigolo, anti-héros mytho et froussard mais chanceux, des
références et du second degré, il y avait a priori de quoi se taper un gros
délire bien rigolo. Mais voila, comme je ne cesse de le répéter à longueur de
critiques, tout le problème dans ce genre de film, c'estde trouver la bonne
distance. Pas assez de second degré et on s'ennuie. Trop et le film part en
cacahuète car on ne croit plus à rien.
Assez curieusement, ce Rango cumule les deux défauts. Sur la trame de fond, on
est dans l'ultra-basique sans intérêt. Rango rencontre une fille lézard
(personne, comme à peu près tous ceux du film, peu intéressant car résumé à une
caractéristique censée être fun, en l'occurence une capacité à se figer sur
place, mais pas creusé du tout) dont on se doute bien qu'elle finira par tomber
sous son charme, et part à la recherche d'une cargaison de flotte au gré de
péripéties poussives et peu inventives. Ca se comprend, les auteurs délaissent
complètement leur histoire pour se concentrer sur les à-côtés, censés donner
tout le sel de l'oeuvre. C'est donc un petit festival de répliques décalées,
un défilé de doubleurs plus ou moins célèbres, et même quelques scènes qui
partent carrément du côté d'un délire quasi mystique assez peu compréhensible.
Très franchement, difficile d'accrocher à ces excentricités au coeur d'un film
qui parait ciblé moins de dix ans. Accessoirement (ou pas), tout ça n'est pas
vraiment drôle.
Bref, on ne sait pas trop quel est le public visé, et on soupçonne qu'aucun ne
sera vraiment satisfait (ok, sur ce point, beaucoup de spectateurs me donnent
tort au vu du succès de la chose). Et pourtant, avec son graphisme surprenant
et son héros malgré tout hyper charismatique (il n'y a même pas besoin de voir
Johnny Depp pour qu'il habite son rôle, il sauve le film du vraiment mauvais),
ce long métrage avait des atouts vraiment intéressants. Un essai pas vraiment
transformé.
Roupoil, 25 avril 2011.