Raisons d'état,

film de Robert de Niro (2006)



Avis général : 6/10
:-) Un sujet assez intéressant, une réalisation d'un classicisme plutôt appréciable, ça sent le savoir-faire.
:-( C'est quand même bien long, et on se demande parfois où ça veut en venir.

J'aime plutôt bien De Niro en tant qu'acteur, la logique aurait donc peut-être voulu que j'aille voir sa deuxième réalisation (pas vu son film précédent à ce jour) et pourtant, un soupçon d'appréhension m'avait retenu d'aller tenter le coup (trois heures c'est long) à sa sortie. Pas de pot( ou coup de pot au contraire, allez savoir), la Mairie de Paris s'est mêlée de l'affaire avec son opération "Trois jours, trois euros" et le film était encore à l'affiche. Du coup, comme vous l'aurez compris je suis allé le voir (quoi, mes intros sont pourries ? Personne vous force à lire d'abord).

Le sujet, peut-être un peu plus devinable avec le titre en VF qu'en VO, est la création de la CIA dans l'Amérique de l'après-guerre, vue à travers les yeux de l'un des principaux protagonistes de l'affaire, Edward Wilson. On suit donc pas à pas les débuts de celui-ci dans le monde de l'espionnage au moment de la seconde guerre, puis les relations complexes avec l'URSS avec la montée de la guerre froide, jusqu'à l'apogée de la crise de Cuba. Le but n'étant pas vraiment de faire de l'analyse historique, le film est essentiellement centré sur le personnage de Wilson, et ses acitivités souvent mises en rapport avec ses déboires familiaux, qui vont d'ailleurs influencer fortement la destinée de son pays...

Un sujet sérieux et historique, qui induit une reconstitution soignée, une durée appréciable, des histoires de couple compliquées, un casting étoffé, on sent bien quelques influences prestigieuses dans la démarche de De Niro, en premier lieu celles de Scorsese ou du Leone de Il était une fois en Amérique. Ce qui est bien, c'est qu'il a retenu d'eux un certain sens de la mise en scène qui, s'il n'est plus très à la mode (le film n'est pas spectaculaire pour deux sous), est particulièrement adapté à l'intrigue. Sobre mais classe, cela permet de se concentrer sur les détails d'un scénario tout de même assez touffu. Si vous avez oubli tout de vos cours d'histoire de lycée, ça risque même d'être un brin confus par moments. Sans compter la fâcheuse tendance à présenter en trente secondes des personnages qui vont être importants ensuite, faut pas rater les noms.

On ne peut pas nier, en tout cas, un intérêt historique évident au film (bien que le scénario soit fictionnel d'ailleurs !). Cela suffisant à rendre intéressantes les 160 minutes de projection, et j'ai bien envie de dire heureusement, car l'ensemble manque quand même de densité. Matt Damon joue bien son rôle mais le personnage est au fons assez effacé, et ses déboires sentimentaux ne sont pas ce qu'il y a de plus palpitant. On a même l'impression par moments que De Niro s'égare un peu et aurait mieux fait de raccourcir un peu son montage pour bien centrer le coeur du sujet (bon, quand c'est pour filer un second rôle à son pote Joe Pesci, on pardonne, c'est plutôt sympa). Peut-être aussi un manque de moment forts plombe-t-il un peu le tout (la scène de torture par exemple est très réussi, mais à part celle-là...).

Finalement, on peut gentiment reprocher à De Niro d'avoir été un peu trop sage. Son film est très soigné, très documenté, on en a pour son argent (surtout à trois euros) mais c'est pas le grane enthousiasme non plus. Disons que c'est une bonne copie d'élève sérieux, mais qu'il y a enore du boulot pour s'approcher de la cheville du Parrain.

Roupoil, 21 aout 2007.



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