Raging Bull,

film de Martin Scorsese (1980)



Avis général : 3.5/10
:-) Quelques beaux moments. De Niro est un grand acteur.
:-( Je n'ai pas accroché : le personnage principal n'est ni attachant, ni émouvant, ni même vraiment tragique, et sa vie est plus emmerdante qu'autre chose.

Ca y est, après une période assez calme niveau cinéma, j'ai enfin retrouvé du temps pour aligner les visionnages (a priori plutôt DVD vu les têtes d'affiche du moment sur grand écran) et qui plus est une connexion Internet pour vous en faire part. On reprend donc avec un des réalisateurs que j'ai le plus critiqué (à défaut d'être un de mes préférés !), dont il ne me restait en gros que ce film à voir pour avoir fait le tour de ses grands classiques. Un destin tourmenté, De Niro et Pesci, ça a l'air de reposer sur des bases assez solides...

Une des raisons (mineure) certes de la célébrité du film est le travail effectué par De Niro pendant le tournage, s'infligeant une prise de poids de 30 kilos pour les scènes se passant à la fin de la vie de Jake La Motta. Ce dernier, pas si longtemps après avoir été champion du monde de boxe, et après un détour par la case prison, s'est reconverti en directeur de cabaret minable. Retour sur son ascension dans un New York tenu par la Mafia, sa rencontre et ses déboires avec sa deuxième femme Vickie, ses relations compliquées avec son manager et petit frère Joey.

Rien que des éléments très classiques pour un film de Scorsese, me direz-vous. De fait, le hasard ayant voulu que je voie ce film après Les Affranchis et Casino bien qu'il leur soit antérieur, difficile de ne pas avoir une légère impression de redite quand Joe Pesci démolit un petit truand à coups de portière de voiture ou quand De Niro joue les jaloux paranoïaques. Mais cette lassitude ne suffirait pas à justifier ma sévérité à l'égard du film dont il est question aujourd'hui. Mon gros problème avec Raging bull, c'est que ces thèmes pas franchement originaux sont exploités à mon sens de façon extrêmement plate.

Ok, vous allez me dire, Scorsese sait tenir une caméra et a fait un beau travail sur le noir et blanc. Certes, mais à quelques beaux moments près (dire que le générique était très alléchant !), la réalisation ne charme pas spécialement (allons-y pour la comparaison foireuse du jour : on est à des années-lumière du cinéma des frères Coen, par exemple, où chaque plan est un régal pour l'oeil). Certains effets, de ralenti notamment, semblent même particulièrement vains. Quand aux fameuses scènes de combat, malgré de bonnes idées a priori, elles manquent tellement de structure qu'elles finissent par lasser, à l'image du film qui voit un La Motta définitivement pas fascinant pour deux ronds nous asséner à répétition ses crises de paranoïa qui n'arrivent pas à nous le rendre vulnérable. Il est juste pathétique, un anti-héros qui ne parvient jamais à émouvoir le spectateur, qui finit par se désintéresser totalement de son histoire (par ailleurs sûrement trop centrée sur sa femme et son frangin dans le film).

En gros, je me suis emmerdé poliment (mais assez franchement) devant ce film, et continue à chercher les raisons de sa réputation. Plutôt qu'un aboutissement du style de Scorsese, j'y vois plutôt une mauvaise imitation de ses futurs bons films (je n'irais pas jusqu'à chef-d'oeuvre, mais un Casino a pour moi dix fois plus de classe). De Niro, lui, était déjà l'un des plus grands acteurs de sa génération.

Roupoil, 19 mai 2008.



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