Ca y est, après une période assez calme niveau cinéma,
j'ai enfin retrouvé du temps pour aligner les visionnages (a priori plutôt
DVD vu les têtes d'affiche du moment sur grand écran) et qui plus est une
connexion Internet pour vous en faire part. On reprend donc avec un des
réalisateurs que j'ai le plus critiqué (à défaut d'être un de mes préférés
!), dont il ne me restait en gros que ce film à voir pour avoir fait le
tour de ses grands classiques. Un destin tourmenté, De Niro et Pesci, ça a
l'air de reposer sur des bases assez solides...
Une des raisons (mineure) certes de la célébrité du film est le travail
effectué par De Niro pendant le tournage, s'infligeant une prise de poids
de 30 kilos pour les scènes se passant à la fin de la vie de Jake La
Motta. Ce dernier, pas si longtemps après avoir été champion du monde de
boxe, et après un détour par la case prison, s'est reconverti en directeur
de cabaret minable. Retour sur son ascension dans un New York tenu par la
Mafia, sa rencontre et ses déboires avec sa deuxième femme Vickie, ses
relations compliquées avec son manager et petit frère Joey.
Rien que des éléments très classiques pour un film de Scorsese, me
direz-vous. De fait, le hasard ayant voulu que je voie ce film après
Les Affranchis et Casino bien qu'il leur soit antérieur,
difficile de ne pas avoir une légère impression de redite quand Joe Pesci
démolit un petit truand à coups de portière de voiture ou quand De Niro
joue les jaloux paranoïaques. Mais cette lassitude ne suffirait pas à
justifier ma sévérité à l'égard du film dont il est question aujourd'hui.
Mon gros problème avec Raging bull, c'est que ces thèmes pas
franchement originaux sont exploités à mon sens de façon extrêmement
plate.
Ok, vous allez me dire, Scorsese sait tenir une caméra et a fait un beau
travail sur le noir et blanc. Certes, mais à quelques beaux moments près
(dire que le générique était très alléchant !), la réalisation ne charme
pas spécialement (allons-y pour la comparaison foireuse du jour : on est à
des années-lumière du cinéma des frères Coen, par exemple, où chaque plan
est un régal pour l'oeil). Certains effets, de ralenti notamment, semblent
même particulièrement vains. Quand aux fameuses scènes de combat, malgré
de bonnes idées a priori, elles manquent tellement de structure qu'elles
finissent par lasser, à l'image du film qui voit un La Motta
définitivement pas fascinant pour deux ronds nous asséner à répétition ses
crises de paranoïa qui n'arrivent pas à nous le rendre vulnérable. Il est
juste pathétique, un anti-héros qui ne parvient jamais à émouvoir le
spectateur, qui finit par se désintéresser totalement de son histoire (par
ailleurs sûrement trop centrée sur sa femme et son frangin dans le film).
En gros, je me suis emmerdé poliment (mais assez franchement) devant ce
film, et continue à chercher les raisons de sa réputation. Plutôt qu'un
aboutissement du style de Scorsese, j'y vois plutôt une mauvaise imitation
de ses futurs bons films (je n'irais pas jusqu'à chef-d'oeuvre, mais un
Casino a pour moi dix fois plus de classe). De Niro, lui, était
déjà l'un des plus grands acteurs de sa génération.
Roupoil, 19 mai 2008.