Quai des orfèvres,

film de Henri-Georges Clouzot (1947)



Avis général : 7/10
:-) Bah, c'est un film de Clouzot, quoi... Et Jouvet est énorme (au moins).
:-( La première demi-heure est molassonne...

Ah ben ça c'est sérieux mon petit Roupoil, hein. On laisse une critique en plan comme ça et on se rend compte trois semaines plus tard qu'on l'avait pas finie... Retour donc sur cette deuxième soirée de notre programme Clouzot à la maison, avec l'un de ses rares classiques que je n'avais encore jamais vu.

Ce qui est bien avec Clouzot, c'est qu'on a peu de risque d'être désagréablement surpris par la mise en scène. Son style sobre et efficace sera forcément de la partie. Ce qui influe le plus sur le caractère du film, c'est le scénario. Ici, Clouzot retrouve Steeman, qu'il avait déjà adapté avec L'Assassin habite au 21, et cela oriente naturellement le film du côté du polar populaire, beaucoup moins cynique et sombre que ne peuvent l'être certains de ses autres films. Je suis bien obligé d'admettre que ça me plait a priori un peu moins, et le début du film me donne hélas un peu raison. Ca se déroule dans le milieu du music-hall, où Jenny Lamour, petite poule sans envergure, se fait remarquer d'un vieux sagouin, sous l'oeil inquiet et jaloux de son mari un brin falot. Un peu plus tard, la sagouin meurt assassiné, et mari et femme, présents tous les deux sur le lieu du crime (mais pas au même moment !) commencent un dangereux jeu de cache-cache.

La description du milieu du spectacle, malgré la gouaille de Suzy Delair, la crédibilité de Bernard Blier (assez surprenant aux yeux du spectateur moderne qui l'a vu dans bien d'autres rôles !), manque de mordant, et on n'est pas très loin de commencer à s'ennuyer quand le meurtre est commis. Heureusement, à ce moment-là, un miracle se produit : Louis Jouvet entre en action dans le rôle de l'enquêteur. Et c'est très peu de dire qu'il est phénoménal. On a d'ailleurs l'impression que tous les bons mots lui ont été réservés (et il y a quelques-uns d'assez grandioses), ce qui ne surprend guère tant son abattage est phénoménal.

Le film gagne par ailleurs en intérêt avec la résolution du meurtre, certes pas d'une originalité suffisante pour surprendre vraiment le spectateur, mais assez rondement menée pour qu'on la suive sans rechigner. Les personnages principaux gagnent également beaucoup en humanité vers la fin du film, quand intervient un passage dramatique relativement inattendu. Sans grande surprise, tout se terminera bien, mais cette embardée suffit à faire du film plus qu'un polar à papa oublié dès le générique passé.

Y a pas à dire, finalement, c'est quand même du bon Clouzot (mais le mauvais Clouzot existe-t-il ?), même si ce n'est à mon sens pas le meilleur. Mais pourquoi est-ce qu'on n'est plus foutu d'en faire de nos jours, des films comme ça, au fond simples comme bonjour, mais qui font tellement plaisir à voir ? Peut-être simplement parce que les Clouzot, Jouvet et consorts ne sont plus là. Quel dommage...

Roupoil, 18 juin 2006.



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