Encore un maitre qui manquait dans la liste maintenant
assez étendue des réalisateurs qui sont passés au crible de ma toujours
pertinente analyse (hein, quoi ? les chevilles ? ouais, ça va). Mes
expériences précédentes avec Hitchcock m'avaient laissé pour le moins
partagés (Les Oiseaux pas mal et Sueurs froides vraiment pas aimé), mais
j'ai quand même tenté le coup quand j'ai croisé sur mon chemin des
rééditions en DVD pas cher. Pour ne pas prendre trop de risques, je
commence avec un des plus grands classiques (m'enfin, concernant
Hitchcock, il y a tellement de classiques que c'était pas très difficile).
Déjà, ça commence bien, le générique avec la musique d'Hermann (justement
célébrée) met vraiment dans le ton. Et puis ça commence, assez
tranquillement. Marion crane rêve de s'enfuir avec son Sam d'amant, mais
les moyens manquent. Le hasard lui met 40 000 dollars entre les mains,
elle craque et prend la fuite avec. Mais elle n'aura pas le temps de le
rejoindre, un motel d'apparence anodine surplombé par un vieux manoir
nettement plus inquiétant se dresse sur sa route. Et il ne fait pas bon
prendre des douches au Bates Motel.
Commençons donc par là, cette scène absolument mythique qui, mine de rien
(et ça m'a surpris), intervient fort tôt dans le film (c'est quand même
gonflé de bazarder son héroïne comme ça après une grosse demi-heure). Bon,
ben il faut bien le reconnaitre, ça a un peu vieilli. Le montage
diabolique pour faire croire au meurtre sans montrer une seule image
choquante inspire plus de perplexité qu'autre chose. En règle générale,
les scènes où il y a un peu d'action ne sont pas les plus réussies. En
même temps, comme elles sont fort rares, c'est pas très gênant.
Surtout que le reste du temps, Hitchcock fait très fort. Ce n'est pour
rien qu'on l'a surnommé le maitre du suspense. Même en devinant le fin mot
de l'histoire (ce qui n'est vraiment pas compliqué tant le film a été
repompé ; de toute façon, la progression du scénario est assez
prévisible), on est captivé. Que ce soient les scènes de dialogues
subtilement intenses, ou les déambulations dans le motel illuminées par
les cadrages géniaux d'Hitchcock, ce n'est pas tant l'intrigue qui fascine
que la précision du détail. Ca ne m'avait pas frappé lors de mes
précédents visionnages d'hitchcockeries, mais quand même, quel talent ! On
ne frissone pas vraiment (oui, les nouvelles générations sont blasées...),
mais on rentre complètement dans l'atmosphère inquiétante du lieu. Et
comment ne pas mentionner la mémorable performance d'Anthony Perkins dans
le rôle de Bates ? La dernière scène (juste après une explication qui elle
aurait pu être évitée) est d'ailleurs extraordinaire.
Bon, j'arrête là le concert de louanges, ce film est une formidable leçon
de cinéma. Ce n'est sûrement pas pour rien que c'est une des oeuvres du
septième art qui a été le plus analysée, d'ailleurs. Ca ne suffit pas
totalement à gommer pour moi les petites faiblesses scénaristiques, mais
c'est, indiscutablement, un film à voir et à savourer.
Roupoil, 4 juillet 2006.