La mode au cinéma, on le sait, est aux suites, dérivés et
autres préquels en tout genre, méthode facile de faire le plein de spectateurs
sans trop sa fatiguer. C'est donc sans la moindre surprise qu'on a appris
les arrivées pour l'été d'un nouveau Spiderman ou d'une suite de Batman. Par
contre, que Ridley Scott se lance dans une réactualisation du mythe
Alien plus de 30 ans après le premier film, c'était tout de même
inattendu. Vint ensuite l'embrouille sur le statut de ce nouveau film : avant
Alien, ça c'est sûr, mais pas vraiment un prequel. Ah. Mais il y
aura quand même de l'alien dedans ? Peut-être, personne n'a le droit de dire
quoi que ce soit sur le film. Si ce n'est que ce sera en 3D. Bon, voilà
largement de quoi faire de ce Prometheus l'un des films les plus
attendus (avec une certaine crainte) de ces dernières années.
Dans un futur lointain mais pas trop donc, un petit groupe de scientifiques
se lance dans un voyage à la recherche des origines de l'homme. Ils ont pris
place dans un vaisseau de la compagnie Weyland (riche homme d'affaires qui
semble très intéressé par les pseudos-martiens après lesquels courent les
scientifiques), dirigé par une femme froide et ambigüe, et surveillés par un
androïde trop lisse pour être honnête. Une fois arrivés à destination, ils vont
trouver ...
Bon, je ne vous le dis pas pour ne pas gâcher le suspense. En son temps,
Alien avait frappé les esprits avec un scénario construit sur une
phase d'exploration, puis une phase de dézinguage massif. Son cousin
Prometheus reprend le même principe : découverte d'un univers
suprenant, qui va ensuite se révéler particulièrement hostile. Tout ceux qui
iront voir le film à la recherche d'explication sur les aliens seront déçus,
et c'est tant mieux. Ce nouvel opus donne certaines informations sur le
comment, mais finalement très peu sur le pourquoi. À la limite, il aurait
même pu rester plus énigmatique, car la deuxième moitié du film, où les
événements s'enchainent à un rythme plus élevé, manque de cohérence et
tombe par moments dans le cliché.
Ce n'est pas bien grave, tant le reste du film est parfait. Il n'est pas si
fréquent de nos jours de voir des films de science-fiction à l'ancienne
(influence 2001 complètement assumée), qui prennant largement leur
temps pour nous permettre de profiter de décors spatiaux majestueux.
Prometheus est de cette trempe-là, et il est tout bonnement sublime.
Encore mieux, la 3D, souvent inutile quand elle n'est pas franchement nuisible,
ajoute une profondeur de champ merveilleuse qui rend tout la première heure
complètement fascinante.
Si le reste est plus classique, la maestria de Scott dans les scènes intenses
suffit à nous réserver un bon lot de moments inoubliables, et les petits
clins d'oeil à la saga Alien originale sont très bien placés. Car il
faut être honnête, ce film n'est effectivement pas un prequel, plutôt une
réactualisation du thème dans un univers commun. Et s'il ne peut pas
prétendre à la même originalité que son prédécesseur, ce Prometheus
est tout de même presque aussi bon que lui, ce qui n'est pas peu dire.
Roupoil, 24 juin 2012.