Princesse Mononoke,

film de Hayao Miyazaki (1997)



Avis général : 9/10
:-) Un message écologique et pacifiste pas niais, une superbe ode à la nature, des personnages passionnants, et en plus c'est beau.
:-( C'est peut-être un peu long. La symbolique utilisée par Miyazaki n'est pas forcément transparente pour le spectateur occidental.

Pour beaucoup de spectateurs français, ce film a été une découverte de l'univers fabuleux d'Hayao Miyazaki, devenu depuis cinéaste respecté et admiré mais qui n'avait à l'époque de la sortie de ce Princesse Mononoke qu'une poignée de fans en France. Imaginons leur émerveillement devant ce bijou d'animation adulte ! En ce qui me concerne, je dois avouer que j'ai raté ça, puisque je n'ai découvert Miyazaki que quelques années plus tard avec Chihiro. Ce qui ne m'empêche pas de considérer ce précédent film comme le sommet de son oeuvre.

Pendant la première demi-heure, on n'a pas encore pleinement conscience de la formidable inventivité de Miyazaki. Certes, le film est beaucoup plus violent et complexe qu'un Disney moyen, mais l'histoire ne sort pas franchement des sentiers battus : le prince Ashitaka, dernier représentant d'un noble empire japonais, se retrouve un jour contraint pour protéger son village d'abattre un sanglier géant transformé en démon. Ayant été touché par le démon, il est désormais victime de sa haine, et est contraint de quitter les siens, pour aller chercher une improbable guérison à sa malédiction dans une lointaine forêt, maudite à en croire les habitants du village voisin (dirigé par une femme de poigne !).

Rien de très original jusque-là, mais on est déjà fasciné par la façon dont cette histoire est illustrée. A des années-lumière de la mièvrerie d'un Disney, on a tout simplement droit à un traitement normal du sujet, sans éluder la violence et la complexité, comme dans n'importe quel film "pour adultes", la magie du dessin en plus (car les dessins sont très beaux, et la musique de Joe Hisaishi qui les accompagne également). Mais on n'est qu'au début de ses (bonnes) surprises, car l'intrigue va rapidement brasser plusieurs thèmes, tous plus intéressants les uns que les autres : outre la classique histoire d'amour (mais quelle concision remarquable dans le traitement ! En une seule réplique banale ("Tu es si jolie"), Miyazaki nous fait ressentir plus que bien des films en dix minutes d'échanges insipides), une très intéressante réflexion sur la place de l'homme face à la nature (certes, le film donne envie de se ranger aux côtés d'Ashitaka "l'écolo", mais le personnage très complexe et intéressant de Dame Eboshi forme un très bon contrepoint) et quelques thèmes annexes, comme cette curieuse touche de féminisme avec ce village où les hommes se font railler par leurs épouses.

Bref, il y de quoi faire avec ce scénario très riche, jamais simpliste, mais où il se passe toujours quelque chose. Mais le film ne serait pas ce qu'il est sans la touche de poésie et de fantaisie qu'y ajoute Miyazaki. Des monstres vraiment spectaculaires, les petits sylvains dans la forêt, ces animaux qui parlent et qui raisonnent, et les bondissements de dix mètres des personnages, irréalistes mais qui semblent tout à fait naturels dans cet univers unique. Seul petit défaut, on rate sûrement quelques allusions dues à notre absence de culture nippone, mais ça reste du domaine de l'anecdotique.

Finalement, si je devais faire un reproche à ce film, ce serait peut-être d'être un peu long (surtout vers la fin, la lente agonie du dieu-cerf aurait certainement pu être un peu abrégée), mais c'est bien peu pour ce superbe film, référence de l'animation actuelle, peut-être pas aussi poétique que Chihiro, mais plus maîtrisé sur l'ensemble de l'oeuvre.

Roupoil, 27 février 2005.



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