On m'a offert un petit bouquin bien sympa récemment, ça
s'appelle Les 1001 films à vois avant de mourir. La liste est
bien sûr discutable et comporte un bon nombre d'oublis absolument
scandaleux, mais effectue un compromis finalement pas trop mauvais entre
classiques de cinéphiles et gros succès. Pour donner un exemple de la
deuxième catégorie, Pretty woman fait partie du lot. Je ne suis
pas spécialement pressé de mourir, mais ça en fera toujours un de plus que
je n'aurai pas raté...
La jolie fille du titre, c'est Julia Roberts, qui fait le tapin sur
Hollywood Boulevard pour payer son loyer. Un beau soir, Edward Lewis, un
richissime homme d'affaires, s'égare dans le quartier. Après une première
nuit, il propose de l'embaucher pour la semaine pour l'accompagner à ses
rendez-vous d'affaires. Mais pas de chance, à la fin, ils meurent tous
dans d'atroces souffrances. Hum, ou pas. Enfin bref, vous voyez le genre.
On peut imaginer assez facilement le genre de péripéties que la suite du
scénario peut nous réserver, et la conclusion que va nous réserver le
film. Eh bien de fait, si vous n'avez jamais vu le film, vous pouvez
écrire une ébauche de scénario sur le thème, vous serez sûrement très très
proche de ce qu'on voit à l'écran. En fait, Pretty woman est un
archétype de comédie romantique. Ne vous attendez pas à être surpris ni à
voir une tentative de se démarquer de la concurrence, il n'y en aura pas.
On mise ici sur des ingrédients vus et approuvés un paquet de fois
ailleurs. Après tout, pourquoi pas, c'est dans les vieux pots qu'on fait
les meilleurs soupes, non ?
Certes, mais encore faut-il de bons ingrédients pour faire une bonne
soupe. Ici, il manque tout simplement quelque chose qui puisse vraiment
donner un intérêt au film. Le scénario, on l'a déjà dit, ne va pas bien
loin (pas l'ombre d'une réflexion sur la condition de la femme ou sur le
boulot de prostituée, on n'est pas là pour ça, les rares allusions sont
juste prétexte à animer le chassé-croisé amoureux entre les deux
principaux protagonistes), une réalisation totalement passe-partout, deux
acteurs pas franchement emballants (Richard Gere est là physiquement, mais
pas beaucoup plus), et surtout, et c'est là le principal problème, cette
comédie romantique n'est ni vraiment comique (quelques répliques
sympathiques certes, mais on rit bien peu), ni romantique (qu'on me cite
une seule scène censée enflammer le coeur de midinette qui se cache au
fond de chacun d'entre nous là-dedans).
Bref, ça déroule son petit train-train pendant deux heures sans qu'on
s'ennuie vraiment (finalement, ça se regarde sans déplaisir), mais sans
non plus qu'on y trouve grand chose à se mettre sous la dent. Ce n'est pas
franchement mauvais, c'est trop creux pour ça. Difficile de comprendre
l'engouement qu'a suscité le film dans le mesure où il ne se détache que
très peu d'un film de série comme The wedding date (pour
reprendre un film critiqué ici même, je me rends d'ailleurs compte en
relisant cette critique que j'en dis plus ou moins la même chose que
Pretty woman !). Sûrement les beaux yeux de Julia Robertes,
auquel cas je comprends mieux pourquoi je n'ai pas accroché...
Roupoil, 5 mars 2008.