Présumé coupable,

film de Vincent Garenq (2011)



Avis général : 6.5/10
:-) Marquant, efficace, rythmé et habité par son acteur principal.
:-( Ne cherche jamais à expliquer. En fait parfois trop.

Rentrée des classes effectuée, pas encore de colles à l'horizon, ça laisse tout plein de temps libre pour se faire quelques toiles. Et pourquoi pas tenter le dernier von Trier ou le récent Almodovar ? Eh bien non, pour aujourd'hui, ce sera du français, inspiré d'un célèbre fait réel, le jour même de sa sortie (oui, je sais, la critique s'est un peu fait attendre). Pourquoi donc ce choix ? Pas vraiment de raison en fait, le film était là au bon endroit et au bon moment pour que je me retrouve devant.

Si vous êtes des assidus des journaux télé, vous savez sûrement déjà absolument tout de l'affaire Outreau. Dans le cas contraire (là je lève le doigt), vous devez tout de même être au courant qu'il s'agit d'une histoire de pédophilie qui s'est achevée par un acquittement massif et un énorme scandale judiciaire. C'est cette sombre histoire que le film se propose de nous raconter, via le témoignage d'un des acquittés, l'huissier Alain Marécaux, qui a subi plusieurs années de prison, quelques tentatives de suicide et une grève de la faim avant d'être enfin libéré.

Soyons tout de suite très clair sur ce que le film n'est pas. Vous espériez un compte-rendu détaillé et si possible objectif de l'enquête et de ses déficiances ? Vous ne l'aurez pas, tout est centré sur le calvaire de Marécaux (c'est annoncé dès le départ) et complètement subjectif. Pas l'ombre d'une nuance donc, c'est une charge virulente contre la machine judiciaire (le fameux juge Burgaud en prend pour son grade, comme on pouvait s'y attendre, n'intervenant que pour faire étalage de son incompétence mêlée d'un insupportable manque d'humanité). Exagérée ? Peut-être, mais le film ne se propose pas de juger cela. Pas plus d'ailleurs qu'il ne se propose de mener une réflexion sur le thème au coeur du film, la présomption d'innoncence, et les dérives qu'on peut avoir d'un côté comme de l'autre dans ce genre d'affaire ultra-sensible.

Non, tout ce que le film prétend être, c'est un gros coup de poing dans l'estomac du spectateur relatant la déchéance d'un homme accusé à tort. C'est un peu regrettable dans la mesure où le film se prive ainsi assez clairement de tout un aspect qui aurait pu le rendre vraiment essentiel (les conclusions de la commission d'enquête menée après le scandale sur les dysfonctionnements à tous les étages de la machine judiciaire ? On n'en parlera même pas). Mais une fois ce parti-pris admis, le film reste très convaincant. Il doit bien sûr énormément à son acteur principal, Philippe Torreton, complètement immergé dans son personnage, mais aussi à une mise en scène qui réussit la plupart du temps à trouver le bon angle et la bonne distance pour nous faire souffrir sans nous étouffer.

Pas d'effets spectaculaires, simplement du cinéma solide et bien fait, avec un "scénario" évidemment inattaquable. On regrettera tout de même que les quelques personnages secondaires restent assez flous, et notamment que l'évolution des relations entre Marécaux et sa femme paraisse si btutale et peu compréhensible. Le film est vraiment bon quand il se consacre uniquement sur Marécaux lui-même. En fait, ça signifie qu'il est bon presque tout le temps. Les films judiciaires semblent à la mode en France en ce moment, je n'ai pas vu les autres tentatives récentes (notamment Omar m'a tuer) mais celui-ci, indiscutablement, mérite d'être vu.

Roupoil, 19 septembre 2011.



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