Un nouveau Miyazaki, c'est toujours quelque chose qu'on
attend avec impatience et, une fois arrivé, qu'on savoure avec délice.
Pourtant, après la quasi-déception qu'avait été pour moi le Château
ambulant, j'étais peut-être un peu moins enthousiaste à l'idée de
retrouver le monde inimitable du vieux sage japonais (qui, soit dit en
passant, n'a pas l'air décidé à arrêter le cinéma même s'il sous-entend
régulièrement que l'heure de la retraite approche pour lui). Peut-être
aussi le sujet assez simple et enfantin de ce nouveau film d'animation
m'attirait-il a priori moins que ceux de certaines de ses oeuvres
précédentes...
Ponyo est un poisson à visage humain, soeur ainée d'une très nombreuse
fratrie. Sa curiosité la pousse un jour à quitter les fonds océaniques
pour aller rendre visite au jeune Sosuke, qui vit avec sa mère dans une
coquette maison au bord de la falaise tandis que son père est en
vadrouille sur son bateau. Le petit garçon est ravi de sa nouvelle amie,
et cette dernière semble l'apprécier, au point de vouloir devenir
complètement humaine. Mais sa transformation va déchainer les éléments.
Il y a finalement relativement peu de péripéties dans cette histoire, dont
le dénouement est évidemment très prévisible. Pas énormément de
personnages non plus, et un décor qui se résume quasiment à l'élément
marin dans tous ses états. Grande simplicité donc, un peu dans la lignée
d'un Totoro, et assez loin du foisonnement des trois derniers
longs métrages de Miyazaki.
Ceux qui cherchent le mystère ou les différents niveaux de lecture seront
peut-être déçus, mais il serait plus qu'injuste de qualifier de régression
le dernier petit bijou du maitre. Car qui mieux que lui sait nous faire
replonger dans le monde merveilleux de l'enfance ? Les héros hauts comme
trois pommes de cette nouvelle fable sont une nouvelle fois adorablement
craquants, et on rentre dans leurs petits jeux et leurs angoisses de
gamins avec un immense bonheur. Quoi de plus simple mais raffraichissant
que de voir Ponyo se brûler en avalant goulument une tranche de jambon ?
Pas besoin de chercher loin pour faire un grand film (ok, je reste
sûrement plus impressionné par une ou deux autres oeuvres de Miyazaki
malgré tout) !
Comme d'habitude, ces petits moments magiques sont illustrés par de
superbes couleurs (et sans 3D et autres ordis), accompagnés par une belle
musique de Joe Hisaishi (je ne parle pas de la terrifiante chanson du
générique du fin !), notamment une amusante reprise de la Chevauchée
des Walkyries, et s'enchainent sur un rythme parfaitement maitrisé
qui fait qu'on arrive au bout du film en ayant absolument pas vu le temps
passer. Que du bonheur !
Roupoil, 25 avril 2009.