Quelques grands classiques ayant pour sujet la guerre du
Vietnam ont déjà été critiqués dans ces colonnes, mais l'oeuvre la plus
connue d'Oliver Stone manquait encore mon tableau de chasse. Mieux,
c'était l'un des deux films que j'avais vus depuis la création de cette
page sans les critiquer, pour la simple et bonne raison que j'étais très
fatigué en le voyant et que j'ai donc à moitié dormi devant le film (pour
information, pour l'autre, c'est juste que je l'ai pris pour un pilote de
série télé, et je ne me suis rendu compte de ma méprise que quelques mois
plus tard). Erreur réparée.
Navré par l'attitude des gens de son milieu, Chris Taylor, jeune homme
bien sous tous rapports, se porte volontaire pour le Vietnâm, dans
l'infanterie. Il rejoint un escadron où on le cantonne aux tâches pénibles
et aux gardes de nuit. Lors de l'une d'elle, une attaque fait une victime
et Chris y gagne sa première blessure. Il s'intègre dès lors mieux à son
équipe, mais l'ambiance n'est pas au beau fixe, les gradés n'ayant pas
tous la même vision des choses. Le lieutenant est incompétent, un sergent
est un idéaliste et l'autre son contraire, pour qui la fin justifie
manifestement les moyens. Les tensions sont exacerbées lors de la
mémorable attaque d'un village ennemi.
Le film de guerre n'étant pas vraiment un genre tout neuf, la question qui
se pose quand on en voit un est désormais de savoir ce qu'il peut avoir à
ajouter à ses nombreux et parfois illustres prédécesseurs. Ici, la réponse
est assea simple, Stone a manifestement voulu donner une vision réaliste
et donc pessimiste de la guerre du Vietnâm. Il y parvient assez bien. La
stratégie n'est pas abordée, du point de vue de l'escadron c'est
essentiellement le bordel et le principal but est de survivre (il faut
voir la joie des rapatriés). D'ailleurs, les scènes de combat (un peu trop
présentes ou longues à mon goût) sont un joyeux bordel où on ne saisit pas
toujours bien ce qui se passe (mais ça reste infiniment plus regardable
que la première scène d'action venue dans un film hollywoodien actuel).
Pour nourrir le film, on nous propose tout de même un face à face
psychologique (enfin, au début...) entre les deux sergents que tout
oppose, arbitré par le gentil rookie. Très honnêtement, ce n'est
pas d'une subtilité extraordinaire (les tempéraments des deux personnages
sont tout de même exagérés), mais c'est tout de même d'un force
incontestable. La scène dans le village scotche littéralement au siège, et
le film garde une belle intensité jusqu'au bout. La belle performance des
acteurs n'y est certainement pas pour rien.
En fait, on pourrait un peu résumer Platoon via son image la plus
célèbre (que je n'ai d'ailleurs pas pu m'empêcher d'utiliser comme fond
pour cette critique), celle d'Elias achevé les bras vers le ciel. C'est
trop, et pourtant ça restera un moment gravé dans notre mémoire. Bien sûr,
on est loin d'un Apocalypse now, mais ce flm n'a pas volé sa
place parmi les classiques sur ce thème.
Roupoil, 5 mars 2007.