Après le tarantinesque Boulevard de la mort (que
je n'avais donc pas aimé), voici que débarque chez nous, en version longue
également, la deuxième moitié du projet Grindhouse, le film de
zombies de l'acolyte Rodriguez. Ca me tentait beaucoup plus, d'une part
parce que je sais Rodriguez capable de réaliser de bons films (Sin
City était tout de même vraiment pas mal), et d'autre part parce que
la bande annonce laissait présager un délire joyeusement regressif mais
bien jouissif.
En tout cas, le père Rodriguez ne s'est pas trop embarassé pour le
scénario. On y croise tout un tas de personnages plus ou moins attendus
dans ce genre de film : une gogo-danseuse sexy mais rapidement
unijambiste, un jeune premier qui flingue comme un dieu, un mèdecin un peu
inquiétant et sa femme pas claire non plus, un flic très flic et son
frangin tenancier du meilleur barbecue du Texas, un scientifique plus
orienté gros sous qu'éthique, et des militaires prêts à tout flinguer.
Tout ce beau monde va devoir se battre au milieu d'une horde de vilains
zombies, dans une certaine confusion.
Peut-être encore plus que le film de son pote Tarantino (qui n'a pas eu de
mal à faire une oeuvre tout à fait dans son style en respectant les
contraintes du Grindhouse), ce deuxième essai d'hommage aux vieux
films de genre pose la question profonde du sens de l'hommage en question.
Car, si ce Planète terreur possède quelques qualités qui peuvent
en faire un spectacle vaguement divertissant pour une soirée entre potes,
on a la très désagréable impression que Rodriguez n'a pas trop su dans
quelle direction faire évoluer son bébé et n'a, au final, fait qu'une
bonne copie de ces films qu'il voulait peut-être parodier, c'est-à-dire
tout de même une série Z...
Soyons sérieux : le scénario est un gigantesque no man's land sans
cohérence, et les dialogues sont simplement mauvais, sans le second degré
qui semblait indispensable pour une telle entreprise. Deux exemples parmi
d'autres : l'allusion à Ben Laden qui est simplement outre-spatiale, et la
scène finale qui laisse pantois de grotesquitude. Reste un certain talent
au niveau de la mise en scène et de l'ambiance recréée (pour le coup, même
les rayures sur la pellicule et autres dégradations volontaires passent
bien), et quelques scènes d'action qui font leur petit effet.
C'est tout de même bien maigre. À la limite, on a l'impression que le film
aurait été nettement meilleur s'il n'avait pas cherché à tout prix à se
caler sur d'anciens modèles. Pourquoi ne pas faire un "à la manière de"
sans cherche à faire une copie conforme et en bouchant les trous qui
existaient dans ce genre de films faute de moyens ? Seule consolation,
c'est toujours moins chiant que Boulevard de la mort.
Roupoil, 23 aout 2007.