Il faut croire qu'il n'y a vraiment rien de rien de
regardable en ce moment au cinéma pour que je me laisse tenter par le
blockbuster horrifico-sexy de l'été, et ce d'autant plus qu'il a été
réalisé par le frenchie Aja, dont le remake de La Colline a des
yeux m'avait laissé d'assez grand souvenirs niveau nanaritude
complète. Bon, avec un peu de chance, on aura au moins de quoi bien
rigoler.
Le deuxième paragraphe de mes critiques ciné est traditionnellement
consacré à un rapide avang-goût du scénario. Pour cette fois-ci, je
serai obligé de faire une exception. Pourquoi ? Ben tout simplement
parce qu'il n'y a pas de scénario dans ce film. Deux ou trois clichés du
film d'horreur posés en début de film pour faire croire à une intrigue,
et puis ensuite plus rien, une simple succession de scènes
essentiellement sans lien les unes avec les autres. Certes, les
productions fauchées du genre sont souvent farcies d'incohérences, mais
on ne s'attend tout de même pas à trouver une erreur de script flagrante
dans un film ayant ce budget : lors d'une scène on voit le "héros"
(ainsi qu'un ou deux assistants techniques qui doivent d'ailleurs
maîtriser la téléportation puisqu'on ne les retrouvera plus jamais sur
le bateau ensuite) filmer la bave aux lèvres une fille à gros seins
pratiquant une sorte de variante du kite-surf que je n'essaierai pas de
décrire plus précisément. Ladite damoiselle finit sa carrière les jambes
bouffées. Pourtant, quelques minutes plus tard, l'équipage du bateau
au grand complet (enfin, les zozos précédemment signalés en moins)
découvre l'existence des piranhas lors d'une nouvelle attaque, comme si
la scène précédente n'avais simplement jamais existé...
Erreur volontaire, gros second degré ? Très franchement, on en doute
fortment à la vue du film. On a juste l'impression qu'Aja a laissé de
côté les considérations très secondaires que sont scénario, jeu
d'acteur, dialogues ou encore personnages (pas un début de tentative de
cerner la psychologie de l'un d'entre eux) pour montrer le plus possible
de culs et de corps bouffés par les bestioles. De ce point de vue,
d'ailleurs, on ne peut guère se plaindre, c'est techniquement plutôt pas
mal (la 3D ne sert pas à grand chose, mais ne gêne pas).
Ca ne suffit malgré tout simplement pas à faire un film, dans la mesure
où ça ne fait pas vraiment rire (à l'exception notable des apparitions
de Christopher Lloyd, caméo plutôt sympa), ni peur d'ailleurs (les
scènes censées avoir du suspense sont trop aléatoires et mal jouées,
comme tout le reste du film, pour fonctionner). Ca pisse le sang, par
contre. À se demander d'ailleurs pourquoi le film n'a été interdit
qu'aux moins de 12 ans. Quoiqu'en fait, on se doute bien qu'en passant à
un -16, une grande partie du public visé se serait volatilisée...
Bref, si vous êtes un ado à peine pubère et frustré qui cherche à
rassasier sa faim de gros lolos sur grand écran, ce machin (le qualifier
de film serait déjà une grossière hyperbole) vous conviendra sûrement.
Sinon, ben, vous pouvez toujours effectuer une action humanitaire en
remplissant le portefeuille du sieur Aja, qui risque d'en avoir besoin
s'il continue à aligner de tels navets, mais le souci est qu'il va
certainement continuer sur sa lancée si on l'y encourage...
Roupoil, 18 septembre 2010.