Mes fans les plus fidèles, s'il en reste encore, vont finir
par vraiment croire que j'ai laissé tomber mes chroniques ciné. Je vous
rassure, non, ce n'est pas le cas. En fait, c'est plutôt le ciné tout court
que j'ai laissé tomber, ou du moins dont j'ai restreint sérieusement les
occurences dans mon emploi du temps. Mais j'ai quand même été voir deux
ou trois films dans les salles obscures en 2011 ... et un dans mon salon,
ce qui n'était pas arrivé depuis fort longtemps. Commençons donc notre série
de critiques avec ce classique de chez classique du dessin animé, deuxième
long métrage Disney juste après Blanche-Neige.
Je suppose que la plupart d'entre vous connaissent déjà les principaux points
de l'intrigue du film, inspiré lui-même du bouquin de Collodi, mais rappelons
tout de même que le passage d'une bonne fée décide un beau soir de donner vie
au petit garçon en bois du marionettiste Gepeto. S'il est sage, Pinocchio
pourra même devenir un vrai garçon, mais attention, s'il ment, son nez
s'allongera ! Sa conscience, matérialisée par le minuscule mais très élégant
Jiminy Cricket, saura-t-elle l'éloigner des tentations d'un monde bien peu
adapté au très naïf Pinocchio ?
Ce qui est frappant, lorsqu'on voit comme ce fut mon cas pour la première fois
un tel classique plus de 70 ans après sa réalisation, c'est de constater à
quel point il était facile de faire du bon boulot à l'époque. Pas besoin de
prouesses techniques, pas besoin de scénario original, pas besoin de
personnages creusés, de toute façon on ne copiera personne puisqu'on est les
premiers à faire ce genre de choses ! Et de fait, ce Pinocchio, tout charmant
et soigné qu'il soit, pêche tout de même un peu par la simplicité un peu
désarmante de ses péripéties et le manichéisme caricatural de ses personnages
(sans compter évidemment la morale un peu cruche, mais c'est le genre qui veut
ça).
Une fois ces réserves admises, on passe tout de même un fort bon moment devant
le dessin animé. C'est beau, attendrissant, parfaitement calibré, et même
assez surprenant au niveau par moments : la scène sous-marine est un grand
moment de poésie et la course-poursuite avec la baleine, avec ses gerbes d'eau
qui envahissent l'écran, a un style qui tranche de façon assez étonnante avec
le dessin très très classique du reste de l'oeuvre.
On en viendrait presque à se plaindre que le film s'arrête si rapidement, ou
peut-être qu'il ait un peu trop trainé au départ avant de s'emballer
réellement dans le dernier quart d'heure. Mais c'est encore une fois une
critique de spectateur moderne habitué à ne plus savoir où il doit regarder
quand il va au ciné tellement ça bouge dans tous les sens. Considérons donc
simplement ce Pinocchio pour ce qu'il est : un classique un peu suranné, mais
qui continuera sûrement à plaire à tous pendant encore quelques décennies.
Roupoil, 2 mars 2011.