Pi,

film de Darren Aronofsky (1998)



Avis général : 7.5/10
Pourcentage gozu : 3%
:-) L'ambiance étouffante, le musique stressante, la réalisation flippante.
:-( Un scénario qui part un peu en couille.

Ce film possédait trop d'atouts pour que je ne sois pas pas tenté de le regarder un jour. D'une part, avec son titre et son intrigue invraisemblable, il semble s'adresser naturellement aux cerveaux malades qui ont navigué trop longtemps dans la sphère des mathématiques. Et surtout, il s'agit du premier film d'Aronofsky, qui par son seul Requiem for a dream est entré en bonne place dans mon panthéon des réalisateurs contemporains. Je serais donc très déçu d'être déçu par ce film :-).

Comme le titre le laissait présager, il est question de mathématiques. Ou plutôt d'un mathématicien, Max, qui esaie de découvrire LA suite chiffres qui régente notre univers et en particulier le cours de la bourse. On le suis dans cette quête, entre ses visites à son professeur qui a laissé tomber les maths pour le go, ses atroces migraines et ses discussion avec un kabbaliste envahissant. Drôle de méli-mélo dont le principal objectif semble être d'embrouiler l'esprit du spectateur. Pendant une heure, il y parvient assez bien, en diffusant suffisamment d'anecdotes pour justifier l'approche mathématique, sans noyer le spectateur ni sombrer dans le n'importe quoi. Ensuite, ça se gâte un peu, la justification de Max devant les kabbalistes notamment laissant pour le moins perplexe. On ne peut en tout cas nier la profonde originalité du propos.

Originalité qui est d'ailleurs entièrement au service d'une réalisation très surprenante mais fascinante. En fait, difficile de juger ce film pour lui-même quand on a vu le second opus de son réalisateur, tant celui-ci ressemble à un laboratoire d'idées qui trouveront leur achèvement dans Requiem for a dream. La patte est manifeste dès le générique, accompagné de la musique électro de Clint Mansell (pas encore très développée, mais l'esprit est le même dans les deux films), et les tics de réalisation reconnaissables entre mille : plans leitmotivs pour les actions répétitives (prise de cachets notamment, et là on ne peut vraiment pas s'empêcher de penser qu'Aronofsky a ensuite trouvé son sujet avec l'étude de drogués), caméra collée au visage lors d'une scène de poursuite, et un montage haché mais toujours lisible qui fait déjà forte impression. En supplément cette fois-ci, un noir et blanc hyper soigné bien que très crade, qui fait beaucoup pour l'ambiance glauque du film.

Tout ça est très maîtrisé, et suffit à faire de ce premier film une oeuvre captivante, très en marge de ce qu'on peut voir habituellement sur les écrans de nos jours, mais qui assume parfaitement sa différence et ses exagérations. Il est d'ailleurs curieux de voir que c'est en retrouvant une trame plus classique (mais surtout une plus grande rigueur narrative, dont l'absence plombe un peu Pi) que le talent de Darren Aronofsky a réellement explosé. J'attends de le revoir dans une oeuvre aussi audacieuse que ce premier essai ; avec l'expérience en plus, il pourrait nous produire de quoi vraiment secouer une production un peu paresseuse.

Roupoil, 4 juin 2006.



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