J'avais prévenu lors de ma dernière critique d'un film
d'Argento que j'allais sûrement mettre un certain temps à me décider à
regarder le dernier film du fabuleux coffret que je regrette de plus en
plus d'avoir acheté ;-). Et de fait, il aura fallu deux gros mois et
surtout la vision récente d'un film avec Jennifer Connelly pour me donner
l'envie de replonger dans l'univers inimitable du cinéaste italien. Le
suspense était intense : allait-il réussir à faire pire que dans
Ténèbres ?
Déjà, ça commence mal, le scénario fait plus que rappeler celui de
Suspiria : une jeune étrangère (américaine en l'occurence) arrive
dans un pensionnat au fin fond de la Transylvanie suisse (eh ouais, ça ne
s'invente pas). Pas de pot, un serial killer sévit dans le coin. Mais ce
n'est pas tout, puisque Jennifer a en outre une fâcheuse tendance au
somnanbulisme et une curieuse attirance pour les insectes, qui va la
rapprocher d'un vieil entomologiste qui habite dans le coin avec sa
guenon.
Cette accumulation de curiosités peut autant intrigue que faire peur a
priori. En pratique, le début du film est plutôt réussi : quelques images
correctes des Alpes suisses. Mmmmm, en fait, je me rends compte que quand
je dis le début, ça se limite à peu près au générique (où on est étonné
de constater la présence d'Armani pour les costumes et de Motörhead pour
la musique, entre autres). Rapidement, on tombe dans la perplexité devant
les expérimentations visuelles d'Argento (la scène de somnanbulisme mérite
le coup d'oeil au rayon des tentatives désespérées pour rendre un film
intéressant), on est navré par les scènes de meurtre ridicules (mais
mettre Iron Maiden en fond musical complètement décalé est encore une fois
assez original), puis franchement terrifié non pas par le côté horrifique
du film, mais par sa profonde nullité.
Franchement, pour trouver des qualités à ce film, il faut beaucoup de
bonne volonté. Le scénario est du pur n'importe quoi, sans aucune
cohérence (l'inspecteur qui mène son enquête semble nous donner quelques
pistes, mais à la fin rien ne se raccroche à rien), les scènes à suspense
sont la plupart du temps risibles (la scène du téléphone, mon dieu), les
effets gores inutiles (mais attention quand même, la version non coupée
est à déconseiller aux insectophobes), et le dernier quart d'heure digne
d'une parodie au douzième degré d'un mauvais slasher. Malheureusement,
tout ça ne forme même pas un bon nanar.
L'intérêt des premiers films d'Argento tenait quasi exclusivement dans sa
capacité à maintenir une ambiance prenante. Une fois ce talent perdu, il
ne reste vraiment rien à sauver. Enfin si, les beaux yeux de Jennifer
Connelly, encore toute jeune à l'époque et qui réalise une performance
intrigante en amie des petits animaux.
Roupoil, 10 mars 2007.