Persepolis,

film de Vincent Paronnaud et Marjane Satrapi (2007)



Avis général : 7.5/10
:-) Une animation originale et toujours inventive. La liberté de ton. Des scènes très fortes.
:-( Ca perd beaucoup en rythme et en intérêt dans la deuxième partie.

Il y a des films qu'on peut difficilement ne pas voir même si on n'en a pas trop envie. Je n'avais pas trop accroché à la BD de Satrapi, dont je n'ai jamais dépassé les premières pages. Le côté vaguement pédagogique sur l'histoire récente de l'Iran ne me passionnait pas plus que ça, et le dessin très sommaire ne m'avait pas accroché. Mais pourquoi alors aller voir l'adaptation au ciné ? Ben mon côté pseudo cinéphile fait que j'ai du mal à zapper un film encensé par la critique, alors qu'une BD, comme je n'en lis presque plus, je m'en fous. Bref, me voila devant l'écran, en essayant de ne pas avoir trop d'a priori.

Pour ceux qui n'auraient jamais entendu parler de Marjane Satrapi, il suffit de savoir qu'elle est iranienne exilée en France et raconte sa vie dans ses BD (et donc maintenant au cinéma). On commence donc dans l'Iran de la fin des années 70, où l'opposition au shah est en train de monter. Marjane n'a pas encore dix ans, mais elle s'intéresse à la situation politique (il est vrai que sa famille est assez active de ce point de vue).

Eh ben vous savez quoi ? J'avais tort d'avoir des a priori. La première partie du film, qui se déroule en Iran pendant l'enfance de Marjane est tout simplement éblouissante. Le côté historique, loin d'être pontifiant, est contrebalancé par la naïveté du regard de la petite fille qui reste en permanence au centre du récit. On alterne ainsi entre des scènes quotidiennes amusantes et des scènes dramatiques très poignantes (franchement, gaffe si vous êtes sensibles, c'est très loin d'être joyeux dans l'ensemble), le tout avec une liberté de ton surprenante (le nombre de gros mots à la minute est assez élevé), incarnée notamment par l'excellente grand-mère de Marjane.

Quand au dessin, il est tout aussi rudimentaire que dans la BD, mais les petites idées toutes simples qui émaillent l'animation suffisent à lui donner réellement vie, et on rentre dedans avec une facilité déconcertante. C'est pas compliqué, on est complètement immergé dans l'histoire, un moment de cinéma comme je n'en avais pas vécu depuis un bon petit moment.

Et puis ... hélas, au milieu du film, Marjane quitte l'Iran pour l'Autriche, et le film change de ton et d'esprit. Il s'intéresse désormais à peu près au seul sort de Marjane et à ses émois d'adolescente loin de ses racines. Ce n'est pas inintéressant, mais le charme est rompu, et on accroche beaucoup moins à cette deuxième partie. Le côté plus banal du sujet fait même ressortir comme des défauts les qualités du début : trop de vulgarité, le graphisme finit par lasser, on en viendrait presque à s'ennuyer. Heureusement, quelques scènes émouvantes suffisent à nous accrocher jusqu'au bout (notamment après le retour de Marjane en Iran), mais on ne peut qu'avoir un petit goût amer en sortant de la projection : on a assisté à un demi-chef-d'oeuvre.

Roupoil, 23 juillet 2007.



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